Des centaines de restaurateurs se sont rassemblés vendredi matin devant le Tribunal de commerce de Marseille pour contester les mesures annoncées par Olivier Véran, 

« Restos ouverts ! », scandent en chœur les centaines de restaurateurs réunis devant le tribunal de commerce de Marseille. « Laissons-nous travailler ! », entend-on de part et d’autre de la foule. C’est un cri du coeur. Le cri de patrons de bars, restaurants et discothèques, à bout de souffle. Mobilisés par centaines dès 9h, ils s’opposent aux nouvelles restrictions annoncées deux jours plus tôt par le ministre de la Santé, Olivier Véran. Une fermeture totale des établissements durant deux semaines, au minimum, apparaît alors comme une décision inacceptable. Un avis unanimement partagé.

Le patron de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), Bertrand Marty, à l’origine de la mobilisation, prend la parole et appelle à une révolte marseillaise. « Je suis à vos côtés », lance-t-il, entouré de Renaud Muselier, Martine Vassal, Samia Ghali et d’autres élus locaux. 

Romain Joffre, propriétaire du restaurant Le P’tit Jardin, à la Pointe Rouge, a participé à la mobilisation de tous les restaurateurs et fournisseurs grâce à une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux puis lors d’un passage sur LCI.  Pour lui, cette situation s’apparente à un coup de massue. « On ne comprend vraiment pas le timing; On est pris de court. Alors on a voulu réunir du monde, c’est un geste fort, c’est la première fois que la profession se réunit ici », confie le restaurateur. Il ajoute qu’il suivra l’UMIH quoi qu’il arrive, « même sil faut arriver à prendre des décisions marginales, même s’il faut entrer dans le tribunal. »

Une épée de Damoclès
Les patrons de bars et restaurants, soutenus par d’autres professions, ressentent un sentiment d’injustice, une sorte de punition infondée qu’ils n’acceptent pas. Le masque, porté par l’intégralité des manifestants, ne cache pas les larmes de certains. Un homme coupe la parole du président de l’Umih, en hurlant. «  Vous oubliez les discothèques ! Je meurs de faim. Cela fait sept mois que j’ai fermé mon établissent ! J’ai tout perdu. Je dois vendre ma maison et je ne peux plus faire les courses », crie-t-il en sanglots, au milieu de la foule. « Je n’oublie personne », lui répond Bertrand Marty.

La ministre du travail, Élisabeth Borne a annoncé le renforcement du dispositif d’aide aux gérants de restaurants et bars de la métropole d’Aix-Marseille, dont la prise en charge à 100 % des salariés ainsi qu’une annulation des charges sociales et fiscales. Mais cela ne contente personne. « On ne veut pas d’aides de l’Etat: ils n’ont qu’à donner leur argent aux hôpitaux, qu’ils ouvrent des lits en réanimation et qu’ils nous laissent travailler », s’indigne Christian Favre. « Pendant le confinement j’ai perdu 55 000€ en deux mois », ajoute ce gérant de bar. Certains reconnaissent qu’ils tenteront de rester ouverts, envers et contre tout. Samia Ghali, deuxième adjointe à la mairie de Marseille, leur apporte son soutien et promet que les policiers municipaux ne sanctionneront pas les établissements restés ouverts.

Souffler le temps d’une journée
Après une après-midi de débats entre Olivier Véran et les élus locaux, Renaud Muselier a annoncé vendredi soir que les restaurants et bars pourraient finalement fermer dimanche soir. Soit un jour de plus pour écouler les stocks. Le président de la Région a publié un communiqué dans lequel il évoque ses propositions retenues lors de cette réunion de crise. Il a évoqué ainsi, « une clause de revoyure (…) dans sept jours pour faire le point et réévaluer la situation ». Enfin, hormis à Aix et à Marseille, l’arrêté préfectoral du samedi 26 septembre dispense les autres communes d’une fermeture totale. Pour quinze d’entre elles, les établissements doivent néanmoins cesser leur activité à 22 heures.   

Manon Ufarte