Entre les confinements et le nombre réduit de participants aux festivités, l’univers de l’événementiel est malmené depuis mars dernier. Ce pilier de l’économie française n’a jamais autant été mis à mal. Mariages, concerts, festivals : rien ni personne n’est épargné. En effet, plus de 450 000 emplois sont touchés de plein fouet.

« Ce secteur est au point mort depuis bientôt un an. On arrive dans le monde du travail et tout est compromis, tout est à l’arrêt. Faut-il changer de filière ? Abandonner ? » Lou, actuellement en 3ème année dans une école d’événementiel à Nice, ne parvient plus à se projeter, comme beaucoup d’étudiants. Quel avenir peut-elle envisager ? Partir travailler à l’étranger dans le secteur de l’événementiel hôtelier était son objectif premier. Mais avec la crise sanitaire qui n’en finit pas, elle n’a aucune idée de ce qu’elle peut encore viser, ou du moins espérer. Qui dit événementiel et communication dit échanges et travail d’équipe, à quatre voire six. Chaque semaine, elle assiste en distanciel à près de vingt matières dans lesquelles elle est chargée de mener des projets très hétéroclites. Ils doivent être réalisés en concertation. Mais à distance peut-on encore parler de travail collectif ? Selon Lou, non. Construire un projet c’est se retrouver et débattre, ensemble. Certainement pas par le truchement d’un support virtuel. Durant cette troisième année, de nombreuses escapades sont prévues et notamment un voyage à l’étranger. Les étudiants peuvent y rencontrer des professionnels, directement sur le terrain. L’année précédente, c’était au Japon que les élèves s’étaient rendus pendant dix jours. En 2020, aucun déplacement n’a évidemment pu être programmé. Ne parlons pas des stages qui ont lieu à partir du mois de mars : aucune entreprise ne recrute. Lou souhaite poursuivre ses études et se diriger vers un master. Mais même pour septembre 2021, elle ne parvient pas à trouver d’alternance. « Que vaudront nos diplômes ? Entre les examens qui ont lieu en distanciel et les stages annulés, ils n’auront aucune valeur ». Ses professeurs se trouvent eux-mêmes dans une situation anxiogène. Nombreux sont ceux qui s’occupent de l’organisation de concerts ou de festivals. Pour la plupart d’entre eux, l’enseignement constitue leur activité exclusive depuis des mois. Former, guider, donner les clefs aux élèves en vue d’intégrer le milieu professionnel n’a plus de sens dès lors que l’organisation d’événements se réduit comme une peau de chagrin.


« Je ne suis pas inquiète quant à l’avenir, le fond de solidarité m’a beaucoup aidée et j’ai des contrats pour 2021 ». La photographe Gabrielle Gayraud reste, quant à elle, très positive. En 2018, sa microentreprise voyait le jour. Acceptée à l’école des Gobelins de Paris, elle avait préféré se mettre au travail sans plus attendre et avait renoncé à l’intégrer. Seulement deux ans après, débutait la crise sanitaire. Cette année, sur seize réservations, trois mariages ont été reportés et un annulé. Elle a pu travailler normalement de juillet à mi-octobre. « Je connais d’autres prestataires qui ont eu davantage d’annulations et de reports. Certains événements n’ont parfois pas pu être décalés » précise-t-elle. Lorsqu’un mariage est annulé, c’est le prestataire qui doit rembourser toutes les sommes engagées par les clients. « Nous avons payé des charges à l’URSSAF sur les acomptes perçus, c’est très embêtant ». De plus, les mariages décalés occupent des créneaux de l’année prochaine, avec des tarifs 2020. Gabrielle se reconnaît chanceuse. Le premier confinement lui a permis de s’occuper de tâches qu’elle avait jusqu’ici repoussées. Une période productive donc. A nouveau confinée mais soulagée d’avoir pu finir sa saison, elle traite les photos des derniers mariages. C’est aussi le début de la trêve hivernale propice à faire un bilan et à mettre en place de nouveaux projets. « Je dois refaire mon site, préparer les mariages de la prochaine saison ». Sans oublier Instagram. « C’est mon principal outil de communication, c’est souvent là que je rencontre mes futurs clients ». Elle peut y consacrer jusqu’à trois heures par jour lorsqu’elle anime des stories. Elle invite même sa communauté à participer, en attendant de pouvoir la retrouver.

Elisa Hemery