Depuis son vote en première lecture à l’Assemblée nationale, la loi sécurité globale est devenue le symbole d’une véritable crise socio-politique dans le pays. Paris, Lyon, Toulouse, Caen, Marseille… partout dans l’Hexagone, des milliers de personnes gagnent les rues pour manifester contre ce texte jugé attentatoire à « la liberté d’expression ». C’est notamment le cas de Justin, jeune journaliste de 25 ans, qui estime que cette loi constitue une entrave à la liberté d’informer.

Fondateur du média en ligne Lutte, le labo des initiatives citoyennes, Justin comme tous ses confrères journalistes se sent concerné par la loi sécurité globale qui fait polémique depuis quelques temps. Selon lui, elle ne devrait même pas exister. « Je ne trouve pas cette loi normale ». Pour faire entendre sa voix, le journaliste participe activement à tous les rassemblements organisés dans la ville de Toulouse où il vit depuis 3 mois. Le texte de loi qui prévoit entre autres l’interdiction de filmer les forces de l’ordre lors d’opérations, lui parait anti-démocratique et liberticide.

L’article 24 de la loi, à l’origine de tout ce mécontentement populaire, n’a aucun sens pour Justin. Il stipulait à l’origine la pénalisation « d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende » le fait de diffuser des images d’un policier ou d’un militaire « dans le but manifeste qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique ». L’intention de nuire, dit-il, ne peut être matérialisée. Une telle mesure permettrait d’interpeller tout journaliste qui filme en direct une opération de police, de le placer en garde à vue où seul un juge va déterminer l’intention malveillante.

Par ailleurs, Justin n’a pas confiance en la justice de son pays, en ce qui concerne les violences policières. « La justice et les forces de l’ordre travaillent de pair », souligne-t-il. « Bien avant le vote de cette loi, les forces de l’ordre ont toujours joui d’une certaine forme d’impunité ». À titre d’exemple, il cite le cas d’Adama Traoré, cette affaire judiciaire française ayant pour origine le décès d’un jeune homme de 24 ans, survenu peu de temps après son interpellation. « Les violences policières, tant qu’elles ne sont pas filmées, photographiées, n’existent pas pour la justice française ».

Si le gouvernement a déjà pensé à modifier le texte de loi en y inscrivant « le respect de la liberté d’informer », Justin à l’instar d’autres journalistes et citoyens ne s’y résout pas. D’autres points, comme l’article 22, l’inquiètent au même titre, ce dernier prévoyant l’autorisation d’utiliser des drones équipés de caméras par les policiers lors des manifestations. « Cette loi en soi est dangereuse car liberticide ». Selon lui, elle n’a pas lieu d’être : « c’est donner beaucoup trop de pouvoir aux forces de l’ordre ». Dans l’attente d’un retrait total du texte, Justin va continuer à prendre part aux rassemblements estimant que c’est une menace pour sa profession de journaliste. Mais, plus globalement, une menace pour la liberté d’expression.


Nerphalone SAINT-RIVAL