Après l’annonce du deuxième confinement qui a débuté le 30 octobre 2020, les commerces non-essentiels sont une nouvelle fois mis à mal par la crise sanitaire. Contraints de fermer, ils tentent de s’adapter aux nouvelles mesures de discipline pour lutter contre la pandémie de coronavirus.

Depuis un peu plus d’une semaine, les mesures prises par l’exécutif sont contestées de tout bord. Les maires de certaines villes ont d’abord pris des arrêtés autorisant l’ouverture des commerces non-essentiels. En vain, puisque les arrêtés ont été suspendus. Alors, ils réagissent en prenant chacun des mesures propres à leur activité.

Les commerces dits non-essentiels se rendent accessibles et multiplient les initiatives. Céline Brochard, gérante de la cave à vin ambulante Le Raisin de Vivre explique que son activité est très réduite. La sommelière a mis en place la livraison : « On diffuse notre carte des vins à nos clients préenregistrés. » Pour accompagner une bonne bouteille de vin, elle livre également des boxes apéro. De son côté, la librairie Goulard met en place un système de Click and Collect pour palier à sa fermeture. Les dévoreurs de bouquins appellent ou laissent un message sur le site internet, puis viennent récupérer leurs commandes au 37 Cours Mirabeau, à Aix-en-Provence. Même si le concept ne présente pas de difficultés au départ, le directeur général de la librairie, Matthieu Colombe explique que le problème du drive réside au niveau de la gestion des commandes en effectif réduit : « On est trop gros pour marcher en sous-effectif mais on est en même temps trop petit pour mettre en place un système plus conséquent comme un site de vente en ligne. » A la différence du premier confinement, les commerçants se sont donc organisés pour continuer leur activité, tout en étant fermés. Le libraire avoue faire cela avant tout dans un objectif de service puisque « même si une librairie n’a pas forcément vocation à gagner de l’argent, elle n’est pas censée en perdre. Et là, on perd de l’argent », confie-t-il. C’est également le cas de la caviste qui avoue que « cela ne compensera pas les pertes ».  

Les clients fidèles

Les petits commerçants s’appuient aussi sur leur proximité avec les clients. Le Raisin de Vivre peut compter sur quelques fidèles habitués, grâce à sa vente de « vins d’auteurs ». Des bouteilles différentes de celles trouvées dans le commerce habituellement : des vins biologiques, Demeter, naturels. La jeune entreprise a l’avantage d’attirer une clientèle spécifique, qui aime le fait-maison et le bio. A côté de cela, Céline Brochard et Laëtitia Drago, son épouse, font beaucoup de démarches administratives. Elles recherchent comment être aidées financièrement, à quelles subventions leur entreprise a droit. Toute une partie commerciale dont elles s’occupent pour maximiser leurs chances de repartir à la fin du confinement.

Noël s’annonce d’ores et déjà difficile

La saison de Noël débute en temps normal au début du mois de novembre. La majeure partie du chiffre d’affaire se joue à la période des fêtes. Cette année, les commerçants seront conscients qu’il devront sauver les meubles. Même si le confinement ne doit durer « que » jusqu’au 1er décembre, il peut être prolongé. « La saison de Noël commence à peu près maintenant », ironise Matthieu Colombe. L’entreprise de Céline Brochard redoute également cette période. Cette année, la les fêtes s’annoncent moins festives et « les marchés de Noël s’annulent à tour de rôle ». Les « petits » commerçants sont en concurrence avec les plateformes numériques. Pour Noël, ils ont peur que les gens fassent tous leurs cadeaux sur internet, encore plus qu’habituellement au vu de la situation actuelle. « C’est l’ennemi avec un grand E », pour Matthieu Colombe. « Amazon a déjà gagné ». Selon lui, « ce n’est même plus de la concurrence puisqu’à terme, la plateforme prendra toute la place ». Le but est tout de même de « limiter la casse ».

Malgré les solutions trouvées pour faire face à leur fermeture, les commerçants savent qu’ils ne pourront pas récupérer une grande partie de leurs ventes. A l’autre bout du téléphone, Céline Brochard emploie un ton plutôt optimiste et attend le moment où elle pourra « rebondir ».

Clara Goddet