L’option d’un confinement uniquement appliqué aux personnes âgées a très rapidement été écartée par Emmanuel Macron. Ces personnes, plus vulnérables face au coronavirus, souffrent également plus fortement de l’isolement.

Deux pour cent des personnes âgées de plus de 60 ans sont isolées des quatre cercles de sociabilité à la fois : familial, amical, associatif et de voisinage. Si le chiffre avancé le centre « Petits Frères des Pauvres »  semble moindre, cela représente en réalité 30 000 personnes… Soit l’équivalent d’une ville comme Nantes. Mais tout n’est pas noir. Les personnes âgées ont du vécu et elles ne manquent pas de ressources. D’après cette même étude, 87% d’entre elles ont eu quelqu’un à qui se confier durant le premier confinement. Alors, peut-être sauront-elles vivre cette deuxième épreuve plus sereinement.

Pour Gisèle, 70 ans, ce deuxième confinement ne s’annonçait pas pour le mieux. Contrainte de déménager il y a peu, elle passe cette épreuve seule, dans un environnement qu’elle n’a pas encore eu le temps de s’approprier. Pourtant, elle ne se laisse pas abattre. Sa voix au téléphone reste positive et enjouée. « On s’adapte », s’esclaffe-t-elle. « C’est vrai que ce n’est pas non plus très agréable de rester toujours enfermée ». Pour autant, pas question de se morfondre et de ne jamais sortir « Je répartis mes courses dans le temps. Ça me permet de cuisiner selon mes envies, de me faire plaisir. Et puis, je peux prendre un peu l’air, comme ça ». Des sorties rapides et régulières, dans le respect des réglementations, lui permettent de rester active et de garder le moral.

Monique, elle, tente surtout de ne pas perdre le contact. « J’ai beaucoup de chance, ma famille vit très près de chez moi. Je peux voir mes filles. A distance, et masquées, certes, mais c’est déjà ça. » Il est plus difficile de garder contact avec ses amis. Elle se contente, à regret, d’appels téléphoniques. Cela lui semble bien peu, d’autant que ce confinement est, pour elle, plus anxiogène que le précédent. « C’est vrai que lors du premier confinement, on ne connaissait personne qui avait été touché par le virus. Il nous semblait moins concret… Aujourd’hui plusieurs de nos amis sont tombés malades. Ça fait peur. Alors comme je m’inquiète beaucoup, j’essaie d’avoir de leurs nouvelles régulièrement ».

En ces dures périodes de distanciation sociale, les réseaux sociaux permettent à beaucoup de ne pas s’isoler. Les personnes âgées ne sont pas en reste. Monique, via une discussion familiale sur WhatsApp, échange avec tous ses petits enfants à la fois. Yves, son mari, a récemment appris à utiliser Zoom, Teams, et autres logiciels de visioconférence. Ainsi, ce chirurgien à la retraite parvient encore à se tenir informé. Avec une moyenne de trois rendez-vous virtuels par semaine, il n’a pas le temps de s’ennuyer. « Ma petite fille m’a expliqué au téléphone comment se connecter sur Zoom. Cette semaine, c’est à moi de créer la conférence… C’est un défi, mais au moins ça me permet de rester dans le coup ! Si on n’est pas sur internet, de nos jours, c’est difficile d’exister professionnellement. » Décidément, nos aînés ont encore de quoi nous surprendre.

Lucie Hugonenc