Après l’annonce du second confinement, à partir du 30 octobre, les grandes enseignes d’alimentation générale se sont préparées à accueillir une foule de clients. Près de Bordeaux, au centre Leclerc de Saint-Médard-en-Jalles, les souvenirs de files d’attente interminables et les rayons à moitié vide inquiétaient le personnel.

Un hypermarché vide de monde. C’est une image plutôt rare, et à laquelle on pouvait difficilement s’attendre après les émeutes qui avaient suivi l’annonce du premier confinement. Souvenez-vous, en mars, les clients se ruaient sur les pâtes, la farine et les conserves. Il s’arrachaient même les paquets de papier toilette des mains, sans que l’on comprenne vraiment pourquoi. En mars, faire ses courses s’avérait être un marathon pour certains. Chacun pour soi et des pâtes pour tous, ou plutôt, pour les premiers arrivés.
Mais cette fois l’hypermarché est vide. Et les rayons, eux, sont plus remplis que d’ordinaire. Ils débordent presque. Bien sûr, on peut trouver des exceptions, certains produits ont été dévalisés mais ils se comptent sur les doigts d’une main. Sans surprise, on retombe toujours sur les mêmes : pâtes, conserves et farine. Quoi que cette fois, les employés s’activent à combler chaque vide, un article pris, un article mis en rayon. Comme la foule n’envahit pas le magasin, ils arrivent rapidement à garnir leurs étalages de bout en bout. Christine, chef du rayon épicerie s’attelle au réassort des boites de haricots verts. « C’était la cohue le week-end précédent l’annonce du reconfinement. Et il y a eu une deuxième vague le week-end suivant. On n’arrêtait pas. Quand on remplissait nos rayons toutes les palettes de marchandises y passaient, et en revenant une heure plus tard, il n’y avait déjà plus rien ! » Aujourd’hui, elle n’ouvre qu’une demi-douzaine de cartons pour combler les trous. Très loin d’utiliser la totalité du chargement de sa palette. « Depuis c’est le calme plat, plus personne. »

« Il ne sert à rien de paniquer »

Aux rayons fruits et légumes non plus, il ne manque rien. A croire que les clients préfèrent se nourrir exclusivement de pâtes au beurre plutôt que des légumes de saison. Les potimarrons et autres courges attendent patiemment dans leur cagettes. Ici, seul le piment antillais manque à l’appel. Pas vraiment un problème selon Laurent, responsable du rayon, ce n’est pas le produit le plus demandé. « Déjà pour la première vague, on n’était pas le rayon le plus embêté, mais cette fois mes collègues sont logés à la même enseigne. On est tous tranquilles » s’amuse-t-il pendant qu’il arrange ses clémentines en rang d’oignons. « A part les inquiets habituels qui ont fait des provisions pour des mois, je pense que les clients ont compris qu’il ne sert à rien de paniquer. On avait assez de stocks en mars et, depuis, on est encore plus préparés. Si les étals sont vides, c’est parce que les gens créent la pénurie. Mais ce n’est qu’une question de temps avant qu’on vienne regarnir les rayons concernés. »
Un des rares clients s’approche, aimable, son sourire caché par le masque se lit dans ses yeux : « Vous auriez des tomates cerises ? S’il vous en reste assez, je vais vous en prendre deux paquets. Madame adore ça, alors c’est comme le saucisson, ça part vite à l’apéro ! » Dans son panier, juste assez pour passer une bonne soirée. Les ingrédients pour préparer un bon repas d’automne, à la mode Sud-Ouest et une bouteille de vin, du Bordeaux évidemment. Comme quoi, même en confinement, il en faut peu pour contenter son estomac.

Cécile Vassas