Mercredi 28 octobre, à 20h, Emmanuel Macron annonce un nouveau confinement pour les Français. Cette décision étonne : beaucoup pariaient plutôt sur un couvre-feu plus étendu et plus strict. Alors, pourquoi sommes-nous de retour en mars ? Pour les professionnels de santé, cela n’a rien d’étonnant.

« Je m’attendais à d’autres vaguelettes, oui… pas à une seconde vague de cette intensité ».  Derrière la voix ferme et décidée de Pascal, professeur des universités pour les praticiens hospitaliers à Montpellier, pointe la lassitude. Ou peut-être est-ce simplement le manque de sommeil. Pour lui, c’est cette intensité déconcertante qui a conduit au reconfinement. Il a fallu agir vite. L’efficacité des dernières mesures – couvre-feu, fermeture de certains lieux-publics, enseignement à distance – n’a pas encore été prouvée. Cela ne fait pas assez longtemps qu’elles sont entrées en vigueur. Du temps, pourtant, on n’en a plus. Solène, interne en ophtalmologie, se confie anxieusement : « ils réquisitionnent tous les internes de l’hôpital, en chirurgie ou dans les autres spécialités, pour aller aider en secteur Covid. En mars, les internes en chirurgie aidaient simplement à la régulation téléphonique… la situation à Montpellier est bien plus préoccupante maintenant. ». A Marseille, Jordan sort de garde bien après 19h. Il est enseveli sous le travail. Les hôpitaux sont bondés. Sur les sept que l’on trouve à Marseille, plus aucun n’a un lit de libre. A Nîmes, de même, la situation est telle que plusieurs patients ont été envoyés en urgence à Brest et Toulouse : les hôpitaux nîmois ne peuvent plus les accueillir.

C’est pourquoi Pascal avance que même si la mesure peut sembler excessive, elle est tout à fait nécessaire. Il faut frapper fort. Et ce, même si le coup est difficile à encaisser pour les Français. L’objectif ? Eviter les clusters, autrement dit les groupements, les foyers de contagion. Lors du premier confinement, dans le sud de la France, c’était à Perpignan que l’on trouvait le plus gros. « Les gens du voyages vivent ensemble, et n’appliquaient donc pas les mesures de distanciation préconisées par le gouvernement», explique Pascal avec un ton professoral. Alors, s’il semblait cohérent de durcir et d’étendre le couvre-feu, Emmanuel Macron a plutôt fait le choix de retourner à ce qu’il connait déjà bien : confiner les Français.

On frappe fort, donc. Mais frappe-t-on intelligemment ? D’après l’institut Pasteur, près de 90% des lits devraient être occupés d’ici 15 jours. Selon Pascal, cette prévision est quelque peu exagérée : les chiffres semblent se stabiliser depuis quelques jours. Il espère qu’on arrive au plateau de la courbe, et que bientôt le nombre de cas diminuera. Il maintient cependant : « il faut éviter les regroupements, et cela a été fait. Les chiffres ne cessent pourtant d’augmenter… Il me semble cohérent de revenir à ce qui a marché : confiner les populations ». Il reste optimiste : « Cette seconde vague n’est pas pire que la première, et nous sommes bien mieux préparés. Nous connaissons le virus, nous savons comment nous protéger. ». D’autres ont moins d’espoir. A Montpellier il y a foule ce samedi à l’hôpital, autant qu’au marché des Arceaux. Tout le monde ne porte pas son masque et la police, pourtant sur place, n’intervient pas. « La question ne porte même plus sur le port ou non du masque maintenant. Ce genre de rassemblement devrait être interdit, un point c’est tout. », affirme énergiquement Solène. Reste donc à savoir si ce nouveau confinement, bien plus souple, sera aussi efficace que le premier l’avait été. L’avenir nous le dira.

Lucie Hugonenc