En conférence à Sciences Po Aix mardi dernier, l’économiste Philippe Langevin a tenté de donner « Un autre regard sur la métropole » aux auditeurs présents ce soir-là. Au cœur de son argumentation, la solidarité des communes.

« Solidarité ». C’était le mot clef du discours de Philippe Langevin lors du débat « Un autre regard sur la métropole », organisé par des étudiantes de Sciences Po Aix. Un discours d’amitié et d’entraide tenu par ce spécialiste du territoire Aix-Marseille-Provence, en totale opposition avec la réalité des choses. En effet, si le Conseil constitutionnel a validé la répartition des sièges de la métropole le 19 février, cette dernière n’en est pas pour autant devenue un havre de paix. Tensions et concurrence rythment encore le quotidien de ses six intercommunalités et de leurs élus.

Et c’est face à ce constat que Philippe Langevin propose de regarder la métropole sous l’angle de la « complémentarité », convaincu que c’est le partage des compétences, des ressources et des opportunités qui permettra le développement et l’attractivité du territoire. « Le défi métropolitain est celui de la solidarité » assure-t-il, celui « d’une économie du partage plutôt que d’une économie de la croissance ». Il en est même persuadé : avec des « politiques intégrées » et une « concentration des moyens vers les territoires difficiles et les populations démunies », la métropole la plus controversée de France conduira à une véritable réduction des inégalités.

Cette solidarité, Philippe Langevin l’appuie sur la doctrine sociale de l’Église qui a inspiré son dernier rapport Aix-Marseille-Provence, notre maison commune pour une métropole solidaire. Discuté lors du débat, cet ouvrage tente en effet de démontrer que, outre les problèmes techniques de répartition du pouvoir et de l’impôt, le projet métropolitain « pose aussi un problème éthique et philosophique » qui « doit d’abord avoir des valeurs plutôt qu’un taux d’intérêt ».

La nécessité d’une implication citoyenne dans le projet métropolitain

« Ce qui fera le succès de la métropole c’est aussi la capacité des citoyens à s’impliquer dans son développement ». Pour cela, des outils de démocratie participative ont été mis en place avec les conseils de développement. Appelés à rassembler la société civile autour de la métropole, ils lui donnent l’occasion de prendre part, au débat voire d’influencer le conseil métropolitain, véritable décisionnaire. Mais l’implication souhaitée par Philippe Langevin est encore limitée : l’économiste déplore notamment que les membres des conseils de développement soient « plus proches de la retraite que du mariage ». Il serait le premier satisfait d’assister à leur rajeunissement et invite la jeune population à s’engager activement pour « un territoire vivant qui mérite plus que des oppositions de principe ». Dommage que ce message ait été entendu par une assistance vieillissante.

Floriane Cantoro