Les militants aixois de l’UMP étaient invités à venir s’exprimer devant Luc Chatel, Bruno Le Maire et Hervé Mariton. Un exercice exceptionnel qui s’est déroulé mercredi 8 octobre au Château de la Pioline à Aix-en-Provence

Sur invitation de Christian Kert, député de la 11e circonscription des Bouches-du-Rhône, quelque 300 militants se sont réunis pour prendre la parole et poser leurs questions au secrétaire général du parti, Luc Chatel ainsi qu’aux deux candidats déclarés à la présidence de l’UMP, Hervé Mariton et Bruno Le Maire. Pourtant invité, le troisième candidat, Nicolas Sarkozy, grand absent de cette soirée, avait décliné expliquant qu’il miserait pour cette campagne sur « de grands meetings ». Il était ce soir-là à Toulouse.

Redonner la parole aux militants ? C’était l’objectif affiché par Christian Kert quand il a décidé, cet été, d’ouvrir les cahiers de doléances, alors que la crise Bygmalion secouait le parti. Pour lui, l’UMP avait perdu le « u » de union et le « p » de populaire. Interrogé à la fin de la réunion sur la réussite de son opération, il estimait que les états généraux sont «  l’expression d’un parti moderne », dans lequel on « commence par la base, c’est-à-dire les militants, pour construire un programme selon leurs volontés ».

Fort de plus de 200 contributions, la synthèse des cahiers de doléances fait état d’un rejet des dirigeants actuels. Les militants souhaitent se faire entendre et dénoncent l’absence de transparence au sein du parti. L’orientation idéologique est aussi une revendication récurrente chez les contributeurs. En résumé, l’UMP est « un navire sans cap qui n’a pas de vision pour la France » selon un contributeur, un parti « qui a bien failli mourir », concède Luc Chatel.

La ligne politique du parti, justement, n’est pas claire selon beaucoup de militants présents. Pour un adhérent, « l’UMP n’a pas mené une politique de droite », et un autre de s’interroger « Est-ce que vous avez l’intention de faire une réelle politique de droite ou est-ce que vous allez faire une politique plus au centre ? ». D’autres parlent du courage qu’il faudrait avoir pour mener les réformes nécessaires. Et les questions posées font état de revendications fortement marquées à droite. Immigration, droit du sang, assistanat, espace Schengen… Un jeune UMP en profite pour évoquer l’incident survenu à Sciences Po Aix la semaine dernière entre une étudiante voilée et son professeur « que personne n’a soutenu ! ».  Enfin, concernant les querelles internes, un militant demande « pour quelle raison les adhérents sont-il plus unis que les dirigeants ? », avant de récolter les rires de toute la salle.

Bruno Le Maire est le premier à prendre la parole. Il répond aux interrogations et n’oublie pas de faire l’autocritique des dirigeants de son parti. « Ce qui a cloché à l’UMP ce n’est pas les militants, c’est le sommet. Et c’est à nous, le sommet, de changer si on veut vraiment que l’UMP retrouve sa force » concède, sous les applaudissements du public, le député de l’Eure. Hervé Mariton, qui lui succède à la tribune, désigne surtout Nicolas Sarkozy comme le coupable du désordre actuel à l’UMP. Il redit, en guise de réponse à un militant qui l’a interpelé sur le sujet, son opposition au mariage homosexuel et rappelle qu’il est le seul à ne pas être candidat à la primaire UMP.

Interrogé sur la place des militants dans la prise de décision, Bruno Le Maire  souhaite qu’ils soient « de vrais acteurs! », avant de concéder « qu’ils ne l’ont pas été depuis des années ». Et d’ajouter son souhait de « consulter régulièrement les militants sur les orientations du parti ». Un peu comme si, finalement, l’initiative de Christian Kert signerait l’émergence de plus de démocratie au sein de l’UMP… Même si « on peut toujours faire mieux », avoue Hervé Mariton dans un sourire.

Jérémy Bouillard