Depuis son apparition, le jeu vidéo a toujours présenté une certaine forme de violence dans son gameplay*. Avec le temps et les évolutions technologiques, cette violence est devenue plus réaliste et a très vite divisé les communautés de joueurs et non-joueurs. Aujourd’hui, le débat reste entier. Ces effusions de sang et envolées de coups sont-elles responsables des actes de violence de certains de nos jeunes ?

À la suite de la tuerie du lycée de Parkland en Floride, le 14 février 2018, les vieux démons du jeu vidéo sont revenus frapper de plein fouet la communauté des gamers. Dans l’un de ses discours, Donald Trump a estimé que l’abondance de violence influence voire, corrompt, la jeunesse actuelle. À travers ces mots, il accuse le secteur d’être la cause de certains actes de violence et des fusillades qui en découlent. Un coupable idéal puisque, historiquement, les débats sur ce thème ont toujours été tournés autour de la santé, physique et mentale, des joueurs. Et des titres comme Mortal Kombat ou Doom, dont l’intérêt est essentiellement la violence et le gore, sont souvent pris comme exemple pour appuyer ces propos. Même si, à y regarder de plus près, les jeux vidéos ne peuvent pas endosser seuls toute la responsabilité …

Une responsabilité partagée

Depuis 2003, les jeux vidéos sont soumis à une réglementation, appelée PEGI, pour aider les consommateurs à mieux se renseigner sur ce qu’ils achètent. De plus, de petits logos sont affichés à l’arrière des boîtes pour les informer du contenu de ces jeux (violence, grossièreté, peur …). On peut donc difficilement les accuser de ne pas prévenir leurs utilisateurs. « C’est en premier lieu la responsabilité des parents de surveiller ce que font leurs enfants et de s’assurer qu’ils achètent des jeux adaptés à leur âge » explique Sophie, bibliothécaire et gameuse. Cette réflexion revient régulièrement lorsque l’on interroge les gens à ce sujet. Par ailleurs, certains magasins, tel que Micromania, demandent parfois la carte d’identité de leurs acheteurs pour s’assurer qu’ils ont l’âge requis pour être en possession de ces jeux. Faudrait-il donc mettre en place ces restrictions partout pour protéger les jeunes ? De plus, la responsabilité des parents revient sur le devant de la scène, lorsque l’on pense à l’exposition de plus en plus prématurée des enfants aux écrans. Attendre un âge plus favorable à leur utilisation, leur permettrait de mieux dissocier la réalité du virtuel auquel ils sont confrontés. « La violence présente dans ces jeux n’est pas complètement innocente dans cette histoire » argumente Anna, mère de famille. « Mais elle ne peut pas entièrement porter le blâme pour ce qu’il se passe dans notre société ».

D’après certaines études**, les jeux vidéos violents peuvent avoir, en effet, une influence sur des personnes déjà fragilisées psychologiquement. Mais ces cas sont très rares et la violence n’est pas née avec les jeux vidéos. En France, en 2015, 53% des Français âgés de 10 à 65 ans sont des joueurs réguliers et leur âge moyen est de 35 ans. Tous ne basculent pas dans la violence.

Le jeu vidéo est un art

En réponse à un montage vidéo rassemblant des séquences violentes de titres tels que Wolfenstein ou Call of Duty, diffusé lors d’un meeting par le gouvernement américain, l’association Game for Changes a voulu faire son propre montage avec les plus belles séquences de jeux vidéos récents. Le jeu vidéo est un art. De nombreux joueurs s’accordent à le dire. La vidéo 88 seconds of video games le prouve et nous rappelle, qu’avant toute chose, ils nous permettent de nous évader, de rêver, voire de réfléchir et d’apprendre. « Mes enfants jouent à Assassin’s Creed*** (PEGI 18). Grâce à ces jeux, ils ont appris de nombreux points d’Histoire et ont réussi à les comprendre de façon plus ludique » nous raconte Céline. Si la violence est de plus en plus présente dans certains jeux, d’autres préfèrent mettre en avant les qualités graphiques de leurs univers ou la réflexion philosophique que l’on peut en tirer. Une aventure initiatique, des énigmes à résoudre, un questionnement sur la vie et sur nos actions. Des thèmes que l’on oublie souvent de mentionner, associant plus souvent le jeu vidéo à la violence, plutôt qu’à cette beauté qui leur est propre.

*gameplay : terme qualifiant la maniabilité et jouabilité d’un jeu vidéo

**Source Canalvie et Capital

***Assassin’s Creed : série de jeux vidéos commencée en 2007 qui reprend des passages importants de l’Histoire comme l’Italie du XV°siècle ou la Guerre de Sécession.

Anthéa Battaglia