Spike Lee a été désigné ce mardi 14 janvier président du jury du 73ème Festival du Film par les organisateurs. « Celui qui lève le poing » succède à Alejandro Inarritu, et devient ainsi la première personnalité noire à occuper ce poste depuis la création de l’événement en 1946. 

C’est une grande nouveauté qui fait beaucoup parler dans le milieu cinématographique. Un grand nombre de personnes s’en réjouissent, à l’image de Pierre Lescure et Thierry Frémaux (Président et Délégué Général du festival) qui précisent que « Le regard de Spike Lee est plus que jamais précieux. Sa personnalité flamboyante promet beaucoup ». 

Un homme au parcours considérable

Le palmarès de Spike Lee impressionne : cinq récompenses dans des compétitions prestigieuses (Festival de Cannes, Oscars, BAFA) et quatre nominations supplémentaires. Un gage de qualité chez cet homme à la personnalité forte, qui s’illustre depuis la fin des années 80 dans le 7ème art. Son cinéma engagé dans la cause des Afro-américains, notamment des problèmes sociaux et économiques que rencontre cette minorité, mélange les différentes cultures qu’on peut retrouver au sein de la société américaine. Personne ne s’étonne alors de sa nomination, tant son impact sur le cinéma hollywoodien a été décisif. Il est « le » réalisateur de la diaspora noire.

Jouissant d’un succès préalable aux États-Unis, avec des films comme Nola Darling n’en fait qu’à sa tête en 1986, ou Mo’ Better Blues en 1990, c’est son biopic sur Malcolm X, interprété par Denzel Washington, qui l’a poussé sur le devant de la scène internationale. 

Mais Spike Lee avait déjà crevé l’écran plus tôt. Il est un grand habitué du festival international du film de Cannes : sept de ses films y ont été présentés depuis Do The Right Thing en 1989 à BlacKkKlansman : j’ai infiltré le Ku Klux Klan en 2018. Il a d’ailleurs été primé avec le grand prix du jury, qui s’est suivi d’un Oscar du meilleur scénario pour ce film. Son influence lui a même ouvert les portes de la réalisation à de plus en plus de jeunes réalisateurs afro-américains, comme Jordan Peele ou Ryan Coogler, qui représentent la jeune génération du cinéma culturel engagé. 

Spike Lee a su également diversifier son travail, notamment en collaborant avec plusieurs musiciens comme Prince, Public Enemy, ou Michael Jackson, pour qui il a élaboré des clips musicaux. Il s’est aussi essayé à la réalisation de documentaires, comme celui de 2006 sur les dommages de l’ouragan Katrina qui avait durement frappé les États-Unis. Il va jusqu’à réaliser des spots publicitaires pour Nike et ses Air Jordan, dans lequel il se met en scène avec la star du basket. 

Cependant, le réalisateur new-yorkais peut apparaître virulent aux yeux de certains. Principalement la faute à ses prises de position dans la lutte pour la communauté noire. À titre d’exemples, on peut citer ses nombreuses embrouilles avec d’autres célébrités, comme Clint Eastwood ou Quentin Tarantino, à qui il reproche une appropriation culturelle de l’Histoire des noirs. N’empêche que Spike Lee demeure un homme respectable et admirable pour l’ensemble de sa carrière, qui n’est pas encore finie. 

Hugo Messina