« Pas besoin d’écouler notre stock! ». Laura, employé de la Cave du Cours Mirabeau, est formelle. Elle symbolise un secteur qui reste récalcitrant à la pratique des soldes : les caves à vins et spiritueux. Malgré leurs différences, les petites caves du centre et les grandes chaînes se refusent à s’aligner sur les périodes de soldes décidées par le gouvernement.

La première explication est purement logistique. « Dans les grandes enseignes de prêt-à-porter par exemple, les soldes ont avant tout pour but de liquider les stocks de la collection précédente pour faire de la place pour la nouvelle », continue Laura. « Ici, à l’exception de quelques produits qui vieillissent mal, nous n’avons pas de besoin vital de liquider notre stock de bouteilles ».

Celle qui a déjà travaillé pour plusieurs cavistes indépendants l’assure, « pour des produits ciblés comme le Beaujolais nouveau, nous calculons les stocks d’une année sur l’autre. Notre marge d’erreur est donc minime et nous n’avons ensuite pas besoin de brader ces produits ».

Dans les grandes enseignes, pas de soldes, mais des astuces. Les « offres du mois » viennent ainsi habiller certains produits disposés sur les étals de la boutique « Nicolas », aux Allées Provençales. Mais pour Laurent, le vendeur, il ne « s’agit pas de soldes » mais simplement « d’une mise en lumière de nouveaux produits. C’est une opération que nous proposons tout au long de l’année ».

Une recherche de qualité, pas d’opportunité

Si les cavistes refusent la pratique des soldes dans leurs enseignes, c’est aussi par souci d’image. « Comme tous les commerces de proximité, les caves ont connu la rude concurrence des grandes surfaces », commente Laura. Pour se distinguer, les boutiques visent principalement une clientèle haut de gamme, prête à payer pour un service supplémentaire. « Ici, on vient chercher des conseils de qualité, une relation privilégiée entre le vendeur et le client, mais pas forcément une bonne affaire ». Et la recette semble fonctionner. « Si on compare le premier samedi de janvier 2020 avec 2019, nous avons multiplié par deux nos chiffres de ventes, de 700 à 1400 euros ».

Laurent met en application ce constat. Il dirige une cliente qui souhaite offrir une bouteille de vin. Renseignements pris, il oriente l’acheteuse vers deux bouteilles de vin rouge de choix. Pour la consommatrice, c’est l’expertise du vendeur que l’on vient rechercher en magasin, quitte à y mettre le prix. Une quinzaine d’euros pour un Crozes-Hermitage. « Même si la fréquentation est en baisse, le prix du panier moyen augmente », explique le vendeur. « Même si on craint souvent une baisse de fréquentation après les fêtes, ce ne serait pas un bon signal de brader nos produits puisqu’ils sont tous sélectionnés avec soin ».

Léo Khozian et César Ivalidi