Il y a tout juste cinq mois, le Parti socialiste a connu une des plus grandes débâcles de son histoire. Après la large défaite de Benoît Hamon à l’élection présidentielle (6,36%), le Parti de la rose n’est pas passé loin de disparaître de l’Assemblée Nationale en perdant près de 250 sièges. Désormais, l’heure est à la reconstruction. Dans l’optique de la présidentielle de 2022, l’organisation politique doit miser sur un nouveau leader mais également sur une identité propre. Mais l’ambiance, en interne, risque bien de compliquer cette rénovation

Dans le passé, le Parti socialiste a toujours su relever la tête après de graves crises politiques. L’exemple de 2002 et la défaite de Lionel Jospin au premier tour en est la parfaite illustration. Pourtant, cette fois, la formation de gauche n’a jamais semblé autant au fond du trou après deux échecs successifs.

Sur l’ensemble de la classe politique française, l’ancienne majorité peine à s’imposer. Après un excellent score à la présidentielle et son entrée à l’Assemblée, Jean-Luc Mélenchon et la France Insoumise apparaissent désormais comme l’unique force de gauche. Sur la dernière loi travail, “les Insoumis” ont joué le rôle d’une opposition contestataire voulant préserver les droits des salariés. C’est ce qu’on aurait pu attendre du Parti socialiste face à une majorité qui mène une politique bien différente de leurs idéaux.

Le grand problème du parti est justement identitaire. A l’intérieur,  un véritable conglomérat de personnalités qui n’ont pas les mêmes sensibilités politiques. On y distingue deux ailes majeures : les Hamonistes, plus proche de la gauche de Jean-Luc Mélenchon, et les Hollandais qui s’affilient d’avantage au modèle de la République en marche. Alors, depuis le départ de Jean-Christophe Cambadélis de son poste de Premier secrétaire du parti, le 30 septembre, la lutte pour reprendre le flambeau s’annonce électrique.À

Une priorité : régler les luttes internes

Comme le révèle Marianne cette semaine, l’ambiance entre les socialistes est loin d’être au beau fixe. Dans la perspective de la reprise du Parti, certains cadors n’hésitent pas à distiller quelques tacles à leurs homologues. Tout a commencé au milieu de l’été où Julien Dray a lâché une véritable bombe sur les dépenses de Benoît Hamon à l’élection présidentielle, « c’est beaucoup de sous pour un résultat très modeste. Alors si à côté, y’ avait des dizaines d’initiatives très importantes qui avaient été prises… Mais quand je compare le calendrier de la campagne, je me dis qu’ils ont dû payer des choses très chères. Je pense que nous sommes un certain nombre à avoir beaucoup d’interrogations sur la manière dont a été géré ce budget. »

Le clan du dernier candidat à la présidentielle n’a pas hésité à lui répondre assez sèchement. “« Julien Dray a profité de la torpeur de l’été pour lancer une polémique et faire parler de lui. C’est simple, il veut devenir premier secrétaire et prendre le PS au prochain congrès. Tous les moyens sont bons pour ça ».

À la suite de cette incroyable sortie médiatique, le Canard enchaîné a révélé une autre affaire à la fin du mois d’août. Benoît Hamon en personne aurait appelé certains Hollandais pour faire passer un message limpide, “si vous continuez, on balance toute la vérité sur la campagne présidentielle de Ségolène Royal (2007) et de François Hollande (2012). Et on en connaît beaucoup”.

En définitive, c’est un véritable jeu de dupe qui se joue à l’intérieur du Parti socialiste pour reprendre la main sur le leadership. Le Congrès pour désigner le prochain secrétaire devrait se tenir en février-mars prochain. Il reste donc cinq mois au parti pour décider de son futur. Mais dans un contexte d’absence totale sur la scène politique et médiatique, le défi s’annonce compliqué à relever.

Jordan PIOL-SPERANZA