Comme dans près de 35 000 communes françaises, les citoyens bordelais éliront leur maire les 15 et 22 mars prochains. Alors que Philippe Poutou vient d’annoncer sa candidature, le tête-à-tête se profile entre le maire sortant Nicolas Florian (LR) et l’écologiste Pierre Hurmic.

Dans deux mois, la Belle Endormie se réveillera pour élire son nouveau maire, un an après le départ d’Alain Juppé. Ce dernier, obligé de quitter ses fonctions en intégrant le Conseil constitutionnel, a laissé derrière lui une ville… orpheline. Depuis 1947, Bordeaux n’a connu que quatre maires. Jacques Chaban-Delmas et Alain Juppé cumulent à eux deux 70 années de mandats. Elu maire en 1995, le futur Sage avait dû démissionner en 2004 à la suite de sa condamnation (14 mois de prison avec sursis et un an d’inéligibilité politique pour prise illégale d’intérêt). Il avait alors laissé les clés de la mairie à son adjoint Hugues Martin, pour mieux récupérer sa place en 2006. Une place qu’il a ensuite conservée jusqu’en mars 2019 et la prise de fonction de Nicolas Florian, son ancien adjoint.

Nicolas Florian, maire de Bordeaux depuis mars 2019. Crédit photo : Patrice CALATAYU

Selon un sondage réalisé par Ipsos Sopra Steria il y a un mois, le maire sortant Nicolas Florian (LR) est crédité de 33% des suffrages au premier tour. Thomas Cazenave, le candidat investi par LRM ne pourrait quant à lui rassembler que 16% des voix. Lors des élections européennes de 2019, la liste de la majorité présidentielle menée par Nathalie Loiseau a remporté 29,47% des suffrages exprimés à Bordeaux, réalisant un de ses meilleurs scores nationaux. La bataille entre les deux hommes va donc porter sur un électorat assez similaire, largement acquis au macronisme. Thomas Cazenave, qui a démissionné en novembre 2019 de son poste de délégué interministériel à la transformation publique à Matignon pâtit néanmoins d’une image de « parachuté », véhiculée par ses opposants, même s’il a grandi à Bordeaux.

La menace réelle pour Nicolas Florian vient davantage du conseiller municipal et métropolitain d’opposition écologiste Pierre Hurmic. En seconde position des intentions de votes, sa liste soutenue par EELV, le PS, le PC, le PRG, Place publique et Nouvelle Donne est créditée de 30% des voix. Porté par les bons résultats des Verts aux élections européennes de 2019 à Bordeaux, il ne cache pas son ambition de conquérir le Palais Rohan où siège l’hôtel de ville. S’il se hisse au second tour, il pourra probablement bénéficier de reports de voix favorables de la part des électeurs de la liste menée par Philippe Poutou et soutenue par La France Insoumise. Le candidat aux élections présidentielles de 2012 et 2017 avait déjà brigué la mairie du Port de la Lune en 2014. Il avait alors rassemblé 2,5% des voix face à un Alain Juppé vainqueur dès le premier tour avec près de 61% des suffrages exprimés.

Grégoire Cherubini