Qui dit rentrée, dit nouveautés. L’adage vaut pour les établissements scolaires d’Aix-en-Provence. Ils ont en effet démarré l’année avec un dispositif innovant, encore jamais mis en place.

Depuis le 1er septembre, les soixante-quatorze écoles maternelles et primaires d’Aix-en-Provence ont eu la primeur de tester un nouveau dispositif contre la menace terroriste : le bipper anti-intrusion. De couleur grise avec un unique bouton orange, l’appareil ressemble en tout point à une télécommande de portail. Mais il ne faut pas s’y méprendre : en cas de pression suffisante, il déclenchera une alarme sonore dans tout l’établissement scolaire. Il appellera surtout la police municipale instantanément.

Seul le personnel de l’école détient donc l’objet : instituteurs, animateurs ou surveillants de cantine. Ils ont le devoir d’utiliser l’objet à la moindre intrusion d’un inconnu dans l’établissement. Pour le moment, seules les écoles d’Aix-en-Provence sont concernées. La Ville est la première à suivre les préconisations du ministère de l’Education nationale. Elle a donc déboursé un peu plus de 100 000 euros pour l’achat de 800 bippers.
D’après la municipalité, le dispositif n’a rien d’intrusif : discret, il peut se porter en bracelet ou en collier. Certains directeurs sont pourtant très réfractaires, même s’ils gardent leur droit de réserve. « J’ai reçu des directives de la part de l’Education nationale : ce n’est pas de la mauvaise volonté, mais je ne peux tout simplement pas vous parler de ce sujet », déclare la directrice de l’école maternelle publique Roy René.

Car ce dispositif a déjà reçu certaines critiques. Le Syndicat National Unitaire des instituteurs et professeurs des écoles (SNUipp) a pointé certaines dérives. « On envoie aux familles le message que l’école peut leur garantir le risque zéro, et aux enseignants le poids, très lourd, de cette responsabilité », regrette Claire Billès (porte-parole du Syndicat) dans le journal Le Monde.
De plus, la mesure a un côté anxiogène. « Le fait d’avoir besoin de mettre en place ce dispositif augmente mon inquiétude », nous confie Claire, 66 ans, qui vient chercher son petit-fils à l’école Roy René.

Virginie, elle, est sceptique sur son efficacité. « Je pense qu’il s’agit plutôt d’un moyen de se donner bonne conscience », affirme cette quarantenaire. La maman argue néanmoins que ce dispositif est « mieux que rien » et qu’il est peut-être rassurant pour le corps enseignant. Ce n’est pas l’avis de Bernard, qui n’a jamais considéré que l’école de ses deux filles pouvait être la cible d’éventuels terroristes. « Cela n’aurait pas assez d’impact », soutient-il.

Pour le moment, les avis des parents d’élèves sont donc plutôt mitigés. Toujours en phase de test, le dispositif sera soumis à 4 simulations dans l’année. Il sera également évalué lors d’un premier bilan début novembre, au cours des vacances de la Toussaint.

Léa Cesses