À 23 ans, la future journaliste affiche déjà plus d’une vingtaine de pays au compteur. En escale sur Aix-en-Provence, elle conte l’origine de cette passion.

C’est dans son cosy et spacieux appartement aixois, qu’elle partage avec une amie, que nous reçoit la discrète Salomé Moisson. À l’entrée, un carton, témoin de son récent déménagement, trône encore au-dessus du placard. « Oui, c’est le seul que je n’ai pas déballé, et je pense qu’il va rester ainsi. Car de toute façon, je vais bientôt repartir », explique-t-elle en esquissant un sourire, ses yeux se plissant derrière ses larges verres. Effectivement, il ne lui reste plus que quatre mois sur Aix-en-Provence avant de prendre définitivement son envol professionnel. Elle espère que ce sera une nouvelle fois à l’étranger comme au Québec, où elle a passé les trois derniers mois. Car, avec ses baskets fermement lacées aux pieds, Salomé ne pense plus qu’à une chose : repartir. Une véritable passion pour l’exploration du monde que la globe-trotteuse a acquis avant même de pouvoir trotter (ou presque).

Entre Alsace et Afrique

Quand on y pense, c’était un peu écrit d’avance. Si vite arrivée au monde dans la banlieue lyonnaise que la petite Salomé déménage à Mulhouse, en Alsace. Son père, vétérinaire, est alors fou amoureux des animaux (ça aide). Dès qu’il peut, il quitte l’Est de la France pour l’Afrique afin d’observer et d’étudier les bêtes sauvages. « Il partait très souvent avant même que je naisse. Mais, dès qu’il a pu nous emmener avec mes frères et sœurs, il l’a fait. Du coup, on se retrouvait au fin fond du Kenya ou bien au Sénégal. En plus, mon père a le contact facile avec les gens. Quand il arrive c’est un peu le fils de toutes les « mamas »», raconte-t-elle en rigolant, le doigt devant le nez. Des expériences en « immersion » qui forgent le caractère de la jeune Salomé. Car, avec son père, rien n’est vraiment préparé à l’avance. « Il sait ce qu’il veut faire, mais rien n’est vraiment organisé », résume l’étudiante en journalisme. En gros, ils réservent en famille, font leur valise et partent. C’est tout. « On est loin des vacances avec le ClubMed. Mais je n’ai jamais eu peur, je me souviens uniquement des moments joyeux, de partage ».

« C’est comme une sorte de thérapie »

Et quand ce n’est pas l’Afrique qu’elle explore c’est le Brésil, le Sri Lanka, l’Islande… En tout, Salomé a autant de baskets que de pays visités. Soit une vingtaine. Sans oublier la Corse, qu’elle a sillonnée, à maintes reprises, avant que son père décide d’y poser définitivement les valises familiales. Il y a maintenant près de dix ans. « Il n’en pouvait plus de l’Alsace. Et tant mieux car nous sommes à dix minutes de la mer et j’ai du mal à vivre loin d’un point d’eau ». Cette enfance mouvementée lui a clairement donné goût au voyage, à l’aventure et à l’inconnu. Surtout depuis qu’elle a quitté le cocon familial il y a quatre ans. Maintenant, lorsqu’elle a un coup de mou, Salomé ne pense qu’à partir. Et quand elle a de l’argent, elle le fait. « Le week-end dernier je n’étais pas très bien du coup j’ai pris un billet pour Bruxelles. Je me suis dit pourquoi pas, je n’y suis jamais allée. C’est bizarre, mais le voyage c’est comme une sorte de thérapie pour moi », analyse Salomé entre deux gorgées d’eau. Et cela tombe bien ! La jeune femme souhaite devenir journaliste.

Le déclic québécois

Forcément, Salomé cherche maintenant à travailler à l’étranger. C’est chose faite depuis cet été, passé sur les rives du fleuve Saint-Laurent, à Montréal au Canada. « J’ai été acceptée dans un web media qui s’appelle Baron. C’est un site centré sur la culture et la nourriture. Soit mes deux autres passions avec le voyage ! » confesse-t-elle. Carton plein pour sa première aventure solitaire hors hexagone ! Sa valise remplie de fringues et de chaussures, elle débarque en Amérique avec la ferme intention de découvrir sans planifier, comme lors de sa jeunesse. Montréal devient son terrain de jeu et, très vite, elle s’adapte au rythme acadien. « J’ai été impressionnée par la gentillesse des gens. Certaines personnes t’interpellent dans la rue pour te souhaiter une bonne journée. C’est super américain mais il y a beaucoup le côté « si tu bosses, tu peux y arriver » », décrit-elle. Fidèle à elle-même, Salomé ne s’arrête pas à une seule ville et se met à explorer Toronto, Québec ou encore les chutes du Niagara… « La seule chose négative de ce voyage ? C’était trop court », conclut-elle en rigolant.

C’est les étoiles plein les yeux que l’apprentie journaliste est redescendue sur terre, en France, à Aix-en-Provence. Cette excursion canadienne a eu, en plus, le mérite d’être un véritable déclic professionnel. Désormais, elle voit son avenir sur les routes du monde. Et sur les vingt « CV » qu’elle a déjà envoyés à des médias, tous se situent hors de France, aux quatre coins du monde. Là, elle pourra enfin déballer son dernier carton.

Gianni Roche