Le CEA Cadarache accueillait comme chaque année, jeudi 23 janvier, 150 lycéens dans le cadre de la journée « Scientifique, toi aussi ! ». Les futurs bacheliers en filière scientifique ont découvert le secteur du nucléaire au travers d’activités variées. L’objectif de cette opération nationale est de promouvoir les carrières scientifiques et susciter l’attrait pour les sciences par le biais de divers ateliers. C’était aussi l’occasion pour les magistériens de se confronter à la réalité du terrain, délaissant la casquette d’étudiants pour celle de reporters. Extraits. 

 

« Scientifique toi aussi! », une journée pour que les lycéens découvrent le CEA Cadarache, par Charlène Celzard et Valentine Lamoureux

« Soyez curieux », conseil donné par deux professionnels du CEA Cadarache. Les lycéens venus les écouter sont au centre à l’occasion de « Scientifique toi aussi! », une journée de découverte organisée par le CEA pour présenter aux élèves des lycées de la région les différents métiers scientifiques. Cette année, des classes de première et terminale de quatre établissements alentour sont présentes.

La journée est minutée, tous les élèves se voient remettre un badge qui décline leur identité sur le recto, et où ils peuvent retrouver au verso un programme détaillé. Le CEA ne lésine pas sur la sécurité : visiteurs très encadrés, systématiquement accompagnés d’une personne qui travaille au centre, photos strictement contrôlées… On ne pénètre pas dans l’enceinte sans une rigoureuse vérification d’identité.

L’essentiel de l’événement consiste en une présentation des enjeux de la recherche et des métiers du centre. L’idée est que les lycéens puissent être au contact des professionnels. Quand un intervenant prend la parole, le calme est religieux.

Les lycéens ont également préparé une courte présentation de leurs recherches en rapport avec le nucléaire. La classe de première du lycée Val de Durance de Pertuis propose par exemple un exposé « Mesure du temps en lien avec la radioactivité ». Éprouvant pour certains, et non sans raison : une remise des prix est organisée à la fin de la journée. Le plus important des trois prix, le « prix d’excellence » est remis aux Pertuisiens.

En plus des conférences, les élèves participent à des ateliers. Essai d’un jeu vidéo développé par le CEA, test de la réalité augmentée, étude de l’utilisation des algues en tant que biocarburant… Autant d’ateliers pour expliquer aux lycéens les différentes technologies utilisées et développées. Ils semblent satisfaits de leur visite au CEA. Clément, qui participe à un atelier sur les états de la matière, se sent très inspiré. Il trouve que le cadre de travail est idéal et approuve la synergie de compétences possible à Cadarache.

 

“Scientifique toi aussi ! » : À la découverte des métiers du nucléaire avec des lycéens ambitieux, par Margaux Racanière et Bérénice Meunier

Pénétrer dans le CEA Cadarache n’est pas facile, il faut montrer patte blanche à l’entrée. Les photos sont limitées pour des raisons de sécurité. Le lieu intimide, entre hurlements de sirène, vibrations soudaines et panneaux rouges indiquant “irradiation en cours”. Pourtant ce qu’en retiennent les lycéens c’est plutôt l’enthousiasme du personnel qui les a accueillis “ça se voyait que c’était leur passion. C’était beau à voir” affirme Dylan, terminale STL à Toulon.

Durant la matinée, les lycéens ont pu écouter des “speed métier”. Des scientifiques du CEA ont présenté leur quotidien et comment ils sont arrivés là . Au programme, une diversité de parcours et de personnes et un mot d’ordre : “N’oubliez pas d’être curieux !”. De quoi inspirer des jeunes comme Lucie, en terminale S « Ça me donne carrément envie de viser haut et de tenter ma chance, peut-être en prépa. Mais le fait de savoir que certains sont passés par des trajets alternatifs me donne de l’espoir parce que je ne suis pas non plus parfaite en sciences. »

Les lycéens ont pu faire la visite de différents laboratoires. C’est le cas pour le projet MIRCOM. Il vise à créer un faisceau de neutrons extrêmement étroit, pur et précis. Pour ce faire il faut stabiliser plusieurs facteurs : la température, la diffusion des neutrons dans l’air et les matières qu’ils vont rencontrer. C’est pourquoi le laboratoire est placé à 6 mètres de haut, sur une grille. Il ne faut pas avoir le vertige !

Au même moment, d’autres élèves ont révisé leurs cours de biologie pendant la visite des locaux de l’Institut de Biosciences et de Biotechnologies d’Aix-Marseille (BIAM). Dans un premier laboratoire, les lycéens ont pu découvrir des chambres de manipulations de plantes et de céréales. Le but : transformer leur génome afin de les rendre plus résistants aux perturbations climatiques. Dans un autre laboratoire, des chercheurs tentent de mettre au point un biocarburant, basé sur des micro-algues.

 

Le centre d’études de Cadarache, une « ville » dans la ville, par Lucie Rouault et Léo Khozian 

Implanté sur la commune de Saint-Paul-lez-Durance, le CEA Cadarache ressemble à une vraie fourmilière. Chaque jour, des milliers de personnes viennent de toute la région dans ce centre de 900 hectares pour travailler autour des métiers de l’énergie. Un lieu unique, où la rigueur est de mise.

Pour pénétrer dans l’enceinte du CEA Cadarache, il faut montrer patte blanche. « Lorsque j’arrive à l’entrée du site, la sécurité à l’entrée me demande quasi-systématiquement de baisser les vitres à l’arrière de ma voiture, ainsi d’ouvrir mon coffre », confie Damien Frossard. Prestataire de services pour le CEA, où il se rend « entre 10 et 30 fois par an », l’homme de 46 ans est toujours impressionné par l’organisation de ce lieu hors du commun. « Tous les jours, entre 4 000 et 6 000 personnes se rendent au CEA Cadarache. En comparaison, dans la commune qui accueille le site, Saint-Paul-lès-Durance, il y a moins de 1 000 habitants ». Ici, tout est organisé comme une ville : 70 km de routes, 15 km de chemins pour piétons, un bureau de poste, une infirmerie… « Le centre doit aussi faire faces aux même problématiques pour la circulation des véhicules ». Pour palier aux bouchons le matin, inhérents aux 2 000 véhicules qui pénètrent dans le centre chaque matin, le CEA met à disposition des salariés une trentaine de bus venant de plusieurs points stratégiques: Pays d’Aix, Manosque, Pertuis. « Du co-voiturage est aussi officiellement organisé », précise Damien Frossard.

Chaque midi, il faut accueillir tout ce monde pour manger. Deux restaurants sont implantés sur site, et sont desservis par bus. Mais dans un centre de recherche, rien n’est laissé au hasard. « Par rapport à un restaurant traditionnel, ici c’est carré », explique Martine, 43 ans, restauratrice en charge du restaurant « Club ». « Le menu est le même pour tout le monde (il existe une formule végan). Il n’y a pas de prise de commande et les réservations sont effectuées le matin donc on n’a pas de surprises ». Quid du fait que l’on se trouve dans un centre où du nucléaire est manipulé ? « Sincèrement, on n’y pense même pas. Je travaille dans la restauration depuis des dizaines d’années, et je ne me suis jamais senti autant en sécurité qu’ici. Tout est contrôlé, à tous les étages ».

 

Immersion au cœur des recherches sur les énergies d’avenir à Cadarache, par Lara Dubois et Simon Ansart

A peine arrivés sur le site du Commissariat à l’Energie Atomique et aux Energies Alternatives (CEA) de Cadarache, le véhicule est inspecté et notre identité vérifiée par la sécurité. Une fois entrés, nous découvrons le programme. La journée est consacrée à l’événement « Scientifique, toi aussi ! », où des lycéens ont été invités, dans le but de découvrir les lieux, les métiers et pour présenter un travail scolaire. Mais avant cela, nous visitons le site, construit comme une petite ville.

Le CEA, un microcosme où s’organise la recherche sur l’énergie

Le site du CEA Cadarache est né le 14 octobre 1959. Il s’est installé le 14 octobre 1959 sur une ancienne réserve de chasse de 900 hectares. Les habitués des lieux racontent qu’il n’est pas rare de croiser chamois, biches ou encore sangliers.

Nous empruntons la « Route des piles », baptisée ainsi car elle se dessine au milieu des différents réacteurs, qu’ils soient en fonctionnement, en phase d’assainissement ou en démantèlement. Des manutentionnaires s’activent à la construction du réacteur RJH, qui entrera en fonction en 2025. La route se poursuit dans cet espace arboré, notre véhicule s’arrête et nous entrons dans « La ferme ».

Différents corps de métiers cohabitent au sein de ce « village » de recherche. Ici, une technicienne de surveillance assure sa permanence. Elle est arrivée ce matin à 8 heures, elle ne repartira que le lendemain, à la même heure. Des chambres sont prévues à l’étage du bâtiment, puisque chaque jour, une nouvelle personne est de permanence pour 24 heures. Son travail consiste à surveiller les machines qui veillent au bon fonctionnement des différentes installations du CEA. Quand un des voyants passe au rouge, elle doit aller prélever des échantillons qui seront ensuite analysés.

En traversant la route, nous entrons dans un laboratoire consacré à l’étude des particules alpha et beta, et plus particulièrement à la radioactivité du carbone 14 et du tritium, présents dans l’eau, l’air et les végétaux. Laura et Françoise, techniciennes, y reçoivent des échantillons tous les jours. Elles analysent quotidiennement un filtre d’étude atmosphérique. Ils sont disposés à différents endroits en hauteur, sur le site de Cadarache. Par un système d’aspiration, les particules de l’air sont captées afin d’être analysées.

Notre visite touche à sa fin, nous remontons dans le bus. Vivien, notre guide, nous explique que tout le personnel soumis à des radiations ou en contact avec des éléments radioactifs est surveillé sur le plan sanitaire. L’Autorité de Sureté du Nucléaire (ASN) veille au taux de radioactivité auquel est exposé chaque membre du CEA Cadarache potentiellement soumis à des radiations. Notre chemin se poursuit enfin en direction de la salle de conférence pour retrouver les chercheurs et les lycéens, afin de clôturer la journée.

 

Les algues : le biocarburant de demain ? Par Charlène Celzard et Valentine Lamoureux

« Le futur, c’est les algues ». Marie Huleux est très enthousiaste et chaleureuse à l’idée de présenter Heliobiotec. La plateforme de biotechnologies des microalgues appartient à l’institut de Biosciences et Biotechnologies d’Aix-Marseille (BIAM). Il est à la fois géré par le CEA, le CNRS et l’université d’Aix-Marseille. Dans ce grand bâtiment de plusieurs étages, la technicienne explique le potentiel des algues pour la production d’énergie.

Ici, on effectue des recherches dans le domaine des biocarburants et plus particulièrement autour des algues. Consciente des enjeux environnementaux actuels, Marie nous explique à l’aide d’un film d’animation que la concentration de CO2 dans l’air et la température ne cessent d’augmenter car le dioxyde de carbone retient la chaleur dans l’atmosphère. En parallèle, les réserves pétrolières ne sont pas  inépuisables.

Nos besoins énergétiques futurs rendent essentiels la création de nouvelles sources d’énergies renouvelables, qui ne généreront pas de gaz à effet de serre. Contrairement au maïs ou au tournesol, les algues peuvent être cultivées en continu sur des terres impropres à l’agriculture. C’est pourquoi les algocarburants (biocarburant à base de lipides provenant des micro-algues) représentent une opportunité saisissante.

Dans un deuxième laboratoire où résonne le bruit strident des machines, les chercheurs modifient les conditions de culture des algues (luminosité, apports en nutriments, CO2) pour générer le plus d’énergie possible (grâce à la photosynthèse des algues).

Au bout d’un long couloir, on trouve une salle lumineuse où Marie détaille l’intérêt de la chimie verte. Les algues servent aussi à produire des cosmétiques ou même des compléments alimentaires, via la spiruline. Des photos accrochées au mur attirent l’attention. Il s’agit de la maison aux algues de Hambourg. Avec ses quatre étages, elle se veut innovante puisqu’elle utilise les microalgues comme moyen de chauffage. Sur la façade, il y a 129 panneaux en verre, remplis d’eau et de nutriments qui permettent leur survie. Elles s’accaparent la lumière du soleil pour leur photosynthèse et absorbent du CO2. Cela créé de la biomasse qui est transformée en chaleur. On observe aussi des clichés d’immenses bassins de culture. Dans une logique de dépollution, les micro-algues absorbent des nitrates de phosphate provenant des eaux polluées des stations d’épuration. Mais, comme le souligne Marie, leur utilisation demeure encore marginale…

 

Les réactions des participants : 

Emma, 16 ans, élève de premièreCEA CADARACHE

“Je suis super contente de participer à cette journée car je m’intéresse au milieu scientifique. J’aimerai être ingénieure ou peut être me diriger vers la médecine. Je m’étais déjà un peu renseigné sur le nucléaire et aujourd’hui je peux comprendre ce que cela signifie, grâce aux conférences et aux ateliers auxquels j’ai assisté. Je suis super impressionnée par la taille du centre et le nombre de projets différents qui s’y trouvent !” 

 

CEA CADARACHEMathys, 17 ans, élève de terminale STL
Je suis au lycée Val Durance à Pertuis. Venir visiter ce site et voir comment on travaille sur la radioactivité est très intéressant. Rencontrer le personnel de Cadarache est une grande chance ! J’aime les sciences et les expériences scientifiques depuis petit. J’aimerai plutôt travailler dans les laboratoires, le médical et la radioprotection”. 

 

CEA CADARACHELéa, 16 ans, élève de première
“Moi j’ai trouvé que c’était super intéressant, puisque ça touchait des sujets d’avenir et que l’avenir c’est nous ! Par exemple faire du carburant avec des algues ça peut être innovant. J’en avais jamais entendu parler. Ça nous a appris des choses. Une super bonne journée, enrichissante !”

Samuel, 17 ans, élève de terminale scientifique
[Samuel a fait le cobaye dans la machine permettant de détecter des radiations]
“C’était un peu noir, je n’étais pas rassuré, même si j’ai vu qu’il y avait une manivelle qui permettait de sortir si l’électricité sautait. On entendait seulement de la musique à l’intérieur. J’ai déjà fait des IRM puisque mon père travaille à l’hôpital, et ce n’est pas très différent. J’étais content de ne pas être irradié”. 

 

Mila, 17 ans, élève de terminale scientifique
“La présentation des métiers m’a intéressée. J’aimerais travailler dans le génie de l’environnement ou dans les analyses biologiques. J’ai fait un stage à l’IUT d’Aix-Marseille en 2nde qui m’a donné envie de travailler dans une grande structure et pourquoi pas au CEA car j’ai apprécié leur présenter mon travail sur les cristaux ce matin”.

 

CEA CADARACHEOlivia Leroy, chercheur chimiste dans le domaine des accidents graves au CEA

“C’est génial d’organiser ce projet pour les lycées aux alentours. Les travaux fournis par les élèves sont bons. Sincèrement, ça commence à toucher du doigt des notions avec lesquelles on travaille, qui sont loin d’être simples. J’aurais aimé à mon époque pouvoir faire ce genre de choses. Ça peut développer des passions”.

Floriane Le Blond, 25 ans, doctorante au CEA Cadarache

CEA CADARACHE

“Je suis fière de pouvoir faire découvrir le centre aux lycéens. Quand j’avais leur âge, j’ai participé à une journée comme celle-là, dans un autre centre CEA. Cette visite m’a motivé à suivre des études scientifiques et je suis aujourd’hui doctorante ici et je veux leur prouver que le milieu est accessible, ouvert à tous et qu’on a tous les mêmes chances d’y parvenir, que l’on ait des parents aisés ou non, que l’on soit un homme ou une femme.”

Jérôme Farcy, professeur de physique-chimie au lycée Thomas Edison à Lorgues
« Je suis venu l’an dernier dans un autre cadre et j’ai trouvé la visite très intéressante. Quand l’opportunité d’y emmener des élèves s’est présentée, je leur en ai parlé comme une bonne sortie pour trouver une orientation. Ils ont très vite adhéré, d’autant que nous venons d’un lycée rural, où certains élèves n’ont jamais pris le métro. »


Sandrine – 45 ans, chargée de communication au CEA Cadarache

J’ai travaillé 20 ans dans les labos de recherche puis je suis passée en communication pour faire de la vulgarisation. Je m’occupe du séminaire “médecine et nucléaire” qui explique aux praticiens les recherches nucléaires liées à la médecine, par exemple les radioéléments qui s’accrochent à une tumeur pour la localiser et la soigner.