L’Hôtel de Caumont accueille jusqu’au 22 mars une exposition de plus de 150 estampes Ukiyo-e et autres objets typiques de l’ère Edo au Japon(1603-1868). Les œuvres, superbement mises en scène, de grands maîtres comme Hokusai ou Harunobu, permettent de comprendre les techniques artistiques et les mœurs de l’époque. 

Le billet acheté, la petite cour franchie, les escaliers montés ; voilà que peut enfin débuter l’exposition Hokusai, Hiroshige, Utamaro, les grands maîtres du Japon. « Quand j’aurai cent dix ans, je tracerai une ligne et ce sera la vie. » Cette célèbre citation de l’emblématique Katsushika Hokusai est passée à la postérité. L’artiste japonais demeure l’un des grands spécialistes de l’Ukiyo-e, un courant artistique qui connaît son âge d’or durant les XVIIIe et XIXe siècles au Japon. Signifiant littéralement « image du monde flottant », ce terme japonais regroupe des œuvres de peinture populaire mais aussi des estampes gravées sur bois. La nouvelle exposition qui se déroule actuellement à l’Hôtel Caumont d’Aix-en-Provence fait découvrir cette forme d’art encore inconnue d’une large frange du grand public européen.

La première pièce donne, d’ailleurs, tout de suite le ton avec des murs joliment décorés et une présentation épurée des premiers chefs d’œuvre. Rapidement, ce qui constitue l’une des grandes forces de l’exposition se dessine : mêler le contexte historico-culturel à la découverte de créations artistiques uniques en leurs genres. Ainsi, le public se familiarise avec l’ère Edo qui est certainement l’une des époques les plus riches et paradoxales de l’histoire du Japon. Il s’agit d’une période de paix et de prospérité mais aussi d’isolement presque total du pays. Une nouvelle bourgeoisie urbaine voit progressivement le jour et avec elle l’Ukiyo-e.

Un nouveau style artistique

Là où l’art traditionnel japonais exprimait jusque-là les « émotions des hommes face à la beauté du monde », ce nouveau mouvement s’inspire de paysages bien précis et de personnages concrets. Souvent, ces œuvres picturales sont accompagnées de courts textes poétiques qui se rapprochent des Haïkus. Les visiteurs peuvent s’en rendre compte en découvrant des ensembles d’estampes renommées comme les Trente-six vues du mont Fuji d’Hokusai ou les Soixante-neuf stations de la route Kisokaido d’Hiroshige et Eisen. Les œuvres n’hésitent pas non-plus à représenter des événements centraux de la vie quotidienne des Japonais comme le Nouvel an (Oshôgatsu). Par ailleurs, une partie de l’exposition est spécialement consacrée aux techniques d’estampe Ukiyo-e. Les explications aussi bien écrites que visuelles permettent de mieux comprendre ces procédés complexes et particuliers. A noter également la présence de quelques pièces de la panoplie de certains guerriers Samouraï. L’exposition finit avec une salle qui offre un voyage immersif à travers la célèbre (et magnifique) estampe d’Hokusai « Envers de la grande vague de Kanagawa ». L’œuvre originale est exposée et un montage mis en place avec des vidéo-projecteurs permet de lui donner vie. Une fin en apothéose.

Maxence Gevin