Ouvert au public depuis 2012, le camp des Milles se localise au sud de la commune d’Aix-en-Provence. L’ancien camp d’internement et de déportation, pendant la Seconde Guerre mondiale, est aujourd’hui un site mémorial qui permet de mieux apprendre notre passé.

Plus de 10 000 Juifs de la zone « libre », entre 1939 et 1942, ont été internés dans le camp des Milles. Plusieurs profils étaient enfermés dans cette ancienne tuilerie : enfants, personnes âgées, journalistes, écrivains, artistes, opposants politiques… Les prisonniers du camp vivaient dans des conditions extrêmement difficiles, comme en témoigne Félicie Awerbuch sur le site officiel : « Je n’avais que 13 ans… Nous avons été arrêtés dans le train par la milice et emmenés au Camp des Milles où une grande foule nous avait déjà devancés… Nous étions couchés sur des paillasses par terre. Les poutres de la salle étaient couvertes de punaises qui nous attaquaient la nuit… ». Plus de 2000 Juifs du Camp des Milles ont été transférés vers le Camp d’extermination d’Auschwitz.

L’histoire de ce lieu, aussi poignante soit-elle, témoigne de l’intolérance, la xénophobie et l’antisémitisme dans lesquelles notre pays a plongé en temps de guerre. « Imaginer ce qui allait se passer, c’était une vue de l’esprit. Ça ne nous a même pas touchés. Ça n’allait pas être joyeux ce qui nous attendait… Mais qu’on allait nous exterminer en masse, c’était une chose qu’on ne pouvait pas imaginer », témoigne Manfred Katz sur le site internet du Camp. Ne pas reproduire les erreurs du passé, voilà l’objectif premier du site mémorial. Les victimes souhaitent en effet qu’on se souvienne de leur histoire, afin de rester vigilant, aujourd’hui comme demain.

La visite du Camp des Milles est divisée en trois parties avec un volet historique, mémoriel et réflexif. La partie historique permet au visiteur de comprendre l’histoire du Camp des Milles entre 1939 et 1942, la montée du fascisme en Europe, et la mise en place du régime de Vichy en France, grâce à plusieurs panneaux explicatifs et bornes audiovisuelles. La partie mémorielle est sans doute la plus marquante. En effet, le visiteur plonge dans des lieux laissés en l’état, et où les internés ont vécu. Il s’agit d’une véritable mise en condition qui permet de visualiser et ressentir les conditions extrêmes dans lesquelles les prisonniers vivaient à l’époque. Enfin, la partie réflexive, expose les différents actes de résistance commis lors des plus grands génocides du XXème siècle contre les Arméniens, les Juifs, les Tsiganes et les Tutsis. Un mur interactif présente différentes expériences scientifiques qui permettent de comprendre les mécanismes humains (préjugés, passivité, obéissance aveugle…) qui peuvent parfois pousser les hommes à produire des génocides. C’est pourquoi la visite du Camp des Milles se transforme en un véritable devoir de mémoire.

Jennifer Guerrieri