Jeudi 23 janvier avait lieu à l’amphithéâtre Verrière la première conférence proposée par Ciné-Cité-Philo sur le thème « Nous, les animaux ». La parole était donnée à Jean-Christophe Bailly, docteur en philosophie et écrivain,  auteur notamment de « Le parti-pris des animaux ».

« J’aimerais entendre la réponse animale ». Voilà sur quoi Jean-Christophe Bailly veut porter notre attention dans notre rapport aux animaux. Il les décrit comme « les cousins vivants des Hommes », car pour lui l’humanité s’est construite dans son rapport à eux. En témoignent les premières peintures préhistoriques, les animaux sont les premières choses représentées par les hommes. Mais pas comme des proies, ils peignaient le souvenir de ces « autres vivants » qui les entouraient.

Même s’ils n’ont pas les mots pour s’exprimer, les animaux partagent avec nous la « faculté de voir, et d’autres sens dans lesquels ils nous surpassent bien souvent ». Il insiste sur le regard et sur l’échange que l’on peut avoir avec les animaux par ce sens. « Dans leurs yeux on voit la même chose que dans ceux des Hommes : l’inquiétude. Chacun voit un inconnu, c’est souvent la même chose entre un Homme et un autre Homme. »

Dans son livre Le parti-pris des animaux, Jean-Christophe Bailly écrit «  les animaux, c’est presque leur définition, n’ont pas la parole […], il s’agit d’aller au-devant de leur silence et de tenter d’identifier ce qui s’y dit ». Ce silence nous permet d’imaginer un monde avant le langage, un monde purement émotif. Les mots sont la « façon animale humaine de se frayer un chemin dans le monde. Ce frayage recommence à chaque fois que nous cherchons nos mots. Une des expressions les plus utilisées aujourd’hui est  « tu vois ce que je veux dire ». Cela montre une intention de dire qui n’est pas récompensée entièrement par notre phrasé ». Pour l’écrivain/philosophe, l’absence de langage n’est pas une raison pour mépriser ceux qui n’y ont pas recours. Ce qui fait sens pour lui, c’est plutôt ce qui ne parle pas, ce qui ne sait pas parler.

La volonté de Jean-Christophe Bailly est de modifier notre façon de nous comporter avec les animaux. Cela inclut une transformation de la pensée, du monde et des modes d’existence qui sont indissociables de notre rapport à eux. « Toute réflexion aujourd’hui sur les animaux ne peut se déployer que sur le fait que l’on menace leur existence. La destruction des espèces, les ravages de l’élevage industriel ne sont pas des tendances mais des faits ».

Hugo Chirossel