De la place de la Rotonde à la moitié du Cours Mirabeau, Aix-en-Provence s’est mis à l’heure de Noël.

Un saxophoniste accompagne d’une musique jazz les pas des chalands qui viennent flâner entre la foire aux santons, située à côté de l’Office de Tourisme, et le marchés de Noël, sur le Cours. Tout l’esprit de Noël est là : odeur de marrons chauds, mannequins de Père Noël, manèges, stand de vin chaud, de calissons, de chocolats… Il y en a pour tous les goûts et tous les âges !

Pour Salomé et Romane, étudiantes aixoises, le marché de Noël est d’ailleurs l’occasion de «décompresser entre les examens »comme elles le détaillent dans un sourire. Si elles sont déçues des churros qu’elles viennent d’acheter, les deux jeunes filles ont néanmoins apprécié déambuler entre les 49 chalets du Cours Mirabeau, où elles ont notamment vu de jolis bijoux et des jouets en bois qui ont attiré leur attention. C’est la première fois que les deux étudiantes ont l’occasion de parcourir le marché de Noël aixois. Et leurs avis divergent. Romane est heureuse de pouvoir apprécier cette magie de Noël, elle qui vient d’Avignon, où il n’y a pas réellement de marché. Salomé pour sa part estime qu’il y a trop peu de stands : elle a vécu à Strasbourg, où le marché de Noël est une institution célèbre ; celui d’Aix souffre logiquement de la comparaison…

En Provence, Noël signifie aussi santons, tradition locale vieille de plusieurs siècles. Six stands, disposés autour de la statue de Cézanne en haut des Allées Provençales, composent la foire aux santons. Des rois mages à l’étable, de la représentation d’un facteur à de petites maisons de pierre, beaucoup de lieux, de personnages ou de situations de vie (les quatre boulistes disputant une partie sont plus vrais que nature), sont façonnés par ces artisans locaux. L’un des stands arbore fièrement une phrase de Frédéric Mistral, poète provençal : «L’argile est aux mains de son santonnier ce qu’est l’Homme dans celles de Dieu ».

UNE FRÉQUENTATION EN BAISSE

Parmi les stands du Cours Mirabeau, ce sont d’ailleurs essentiellement des commerçants et artisans locaux qui tiennent ces petits chalets faits de bois. Christophe, qui vend des calissons et des chocolats, participe pour la 14ème fois au marché de Noël aixois. Un plaisir pour lui, même s’il constate une baisse de la fréquentation. « L’affluence est nettement mois bonne qu’avant. La sécurité, l’ambiance qui règne depuis les attentats y est pour beaucoup » se désespère-t-il. Avant de pointer une autre explication, en pestiférant contre la mairie : « Les prix des parkings ont beaucoup augmenté, ce n’est pas normal ! Les gens qui viennent ne peuvent plus se garer en ville…». Le commerçant, qui travaille le reste du temps au marché du Palais de Justice, raconte aussi le parcours du combattant à traverser pour obtenir un emplacement comme le sien. La première demande (assortie de nombreuses pièces administratives) se fait aux alentours des mois de mars-avril, avant que son cas ne soit examiné par une commission municipale, qui rend un avis positif ou négatif. S’il ne nous a pas communiqué le prix que demande la mairie pour un emplacement, Christophe nous explique qu’il lui revient moins cher de faire les marchés hebdomadaires et celui de Noël plutôt que d’ouvrir un magasin.

Attablés à un tonneau en se délectant d’un verre de vin chaud, Luc et Sylvie préfèrent profiter de l’instant présent. Les deux trentenaires apprécient le marché, et y viennent tous les ans. « Certains produits locaux donnent envie ! La charcuterie ou le fromage ont l’air délicieux» note Luc, l’œil gourmand.

En redescendant vers la place de la Rotonde, on entend les cris des enfants dans les manèges, sur des plateformes à l’effigie de leurs héros de dessins-animés. Leurs yeux sont remplis d’étoiles lorsqu’ils passent devant un mannequin du Père Noël. Pas de doute, le 25 décembre approche !

Xavier Ponroy