Arrivé aux Antilles mercredi 25 septembre dans la soirée, le Président de la République s’est exprimé jeudi à propos du pesticide utilisé pendant plus de vingt ans dans les bananeraies de Guadeloupe et de Martinique.

Dès le lendemain de son arrivée, Emmanuel Macron a tenu à s’entretenir avec des agriculteurs concernant le pesticide, qui a pollué pour des siècles les sols guadeloupéens et martiniquais. Il s’est rendu dans une ferme maraîchère de la commune de Morne-Rouge, particulièrement concernée par le problème. A cette occasion, le président a annoncé que l’exposition au chlordécone serait bientôt reconnue comme maladie professionnelle. Selon lui, « l’Etat doit prendre sa part de responsabilité ».

Interdit dès 1977 aux Etats-Unis mais utilisé jusqu’en 1993 aux Antilles par les producteurs de bananes, le chlordécone est toujours présent dans les sols et le sera encore probablement pour les 600 prochaines années. Le produit est soupçonné notamment d’être responsable de l’explosion des cancers de la prostate en Martinique et en Guadeloupe. Cette catastrophe environnementale et de santé publique est qualifiée par le locataire de l’Elysée comme « le fruit d’un aveuglement collectif ». Une prise de conscience encourageante, qui implique maintenant des décisions et des actions concrètes de la part du gouvernement Philippe et du chef de l’Etat.

Bien que toute la population antillaise ait été exposée à la molécule – plus de 90% des adultes seraient contaminés selon Santé Publique France –, Emmanuel Macron n’envisage pas de distribuer une indemnité générale. Une promesse qu’il juge irréalisable et budgétairement irresponsable. Il s’agit donc, maintenant que le problème est sur la table, de savoir qui accédera à l’indemnisation pour maladie professionnelle. Pour éclaircir ce point, l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et l’Anse (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) sont chargés de produire un rapport avant mars 2019. L’objectif est d’établir à partir de quel niveau d’exposition les ouvriers pourront être pris en charge et indemnisés. Selon les mots d’Emmanuel Macron, c’est dès à présent un « processus de reconnaissance » qui s’ouvre.

Maud Guilbeault