Importé des États-Unis en 2013, le Black Friday est une journée de promotion qui se tient chaque dernier vendredi du mois de novembre. Au cœur de ces soldes exceptionnelles réside une problématique majeure : celle de l’environnement.

Déjà plusieurs semaines que les marques de high-tech, textile ou cosmétique font monter la pression dans les boîtes mail. -20%, -30%, -50%… les rabais défilent et créent un nouveau besoin : acheter pour ne pas rater la bonne affaire. Si le Black Friday est pour certains l’occasion de réaliser les achats de Noël à moindres frais, il n’en demeure pas moins “une frénésie de consommation”, comme l’appelle la ministre de la transition écologique, Elisabeth Borne. Journée de soldes américaine débarquée en France en 2013, le Black Friday représente le paroxysme d’une société ultra-consumériste, à laquelle il est difficile de résister. Si cette cascade de promotions avait pour objectif initial d’écouler les stocks de produits saisonniers invendus, afin de faire de la place pour les produits de la saison suivante et de reconstituer la trésorerie des commerçants, le Black Friday répond désormais à une logique toute autre. Une logique économique et capitaliste qui, de plein fouet, entre en collision avec l’urgence climatique. 

Au-delà de provoquer des mouvements de foule anxiogènes dans les grands centres commerciaux, et de faire les choux gras des marques de e-commerce, le Black Friday est également le synonyme d’un désastre écologique de grande ampleur. Parmi les achats les plus fréquents de la période, on compte les smartphones. Pour beaucoup, les promotions du dernier vendredi de novembre sont l’occasion de mettre au rebut l’iPhone 8, pourtant en parfait état de fonctionnement, pour lui préférer le dernier né d’Apple. Ce n’est pas un besoin, mais ce n’est pas cher – en tout cas ça l’est moins que les autres jours. Pour être fabriqué, ledit smartphone nécessitera l’extraction de métaux rares, ravageant les paysages et polluant sols et eaux ; métaux qui devront ensuite être purifiés, raffinés et transportés. Autant d’actions qui contribuent au réchauffement climatique de manière exponentielle. Un exemple parmi tant d’autres, une aberration encouragée par le fameux “Black Friday”. 

Face à cette déferlante de rabais, comme autant de briquets tendus vers la banquise pour accélérer sa fonte, certains commerçants et consommateurs font front commun pour organiser le boycott de l’événement. Sur le site de BackMarket, cyber-enseigne spécialisée dans la vente d’objets électroniques reconditionnés, on peut lire depuis plusieurs semaines le message “Chez BackMarket, le Black Friday s’appelle juste vendredi”, ou encore : “Attention, bientôt le Black Friday, le jour le plus inutile de l’année”. Parmi les réfractaires à la fièvre acheteuse du vendredi noir, on compte également les activistes d’Extinction Rebellion. À travers tout le pays, les militants français de l’organisation écolo ont organisé un plan de désobéissance civile, simplement nommé “Block Friday”, pour dénoncer la “grande braderie de la planète”. Ces prises de position ne font pas encore le poids face aux géants à qui profite le Black Friday. Reste qu’elles ont au moins le mérite de crier l’absurdité de cette fête commerciale.

Maud Guilbeault