« Je suis né avec un fauteuil roulant et un gros nez ». Cette histoire, c’est celle d’un jeune homme souriant de 25 ans, prénommé Baptiste. Baptiste est marseillais. Baptiste est jeune, étudiant, éloquent, cultivé, intelligent. Baptiste est également en fauteuil roulant. Le jeune homme étudie à la faculté de droit et de sciences politiques d’Aix-en-Provence depuis plusieurs années maintenant. Il est actuellement en master 1 de droit privé. « C’est la cinquième année que je suis ici, et honnêtement je fais ma vie ».
L’étudiant à mobilité réduite respire la joie de vivre, il prend les choses comme elles viennent, avec philosophie. Il demande de l’aide dès qu’il y est contraint, mais préfère être le plus indépendant possible. « Je tiens à mon autonomie ».
Baptiste nous raconte qu’une fois, le seul et unique ascenseur du bâtiment principal de la faculté de droit, celui du bâtiment Pouillon, est tombé en panne pendant quinze jours. « Pour accéder aux étages supérieurs, il y a un ascenseur. Quand il fonctionne c’est très bien, et puis quand il ne fonctionne pas… ça devient très compliqué. Cette fois-là, je n’ai pas pu me rendre en cours pendant ces quinze jours ». Aujourd’hui, il n’est plus dépendant des amphis. Le Marseillais bénéficie de l’aide à la prise de notes, ce qui est très important et avantageux pour lui: un étudiant prend les cours en amphi, qu’il lui envoie en fin de semaine. « Ça me permet de gagner du temps ».
Le juriste en fauteuil roulant explique qu’il existe toujours un plan B, qu’il ne faut jamais s’arrêter au plan A. Lorsqu’un cours est déplacé au dernier moment, de Portalis à Montperrin par exemple, il ne peut pas s’y rendre. En effet, l’éloignement et la montée entre les deux sites ne lui permettent pas
d’arriver à l’heure, ou du moins en même temps que les autres. « Si t’as pas un pote pour t’aider, c’est compliqué. Tu te sens un peu impuissant ».
Baptiste a toujours attaché de l’importance à son indépendance, au fait de pouvoir sortir sans dépendre d’une aide extérieure. Au restaurant universitaire par exemple, il se débrouille seul. « J’arrive à me gérer, je mets mon plateau sur les genoux et j’avance».
Concernant les examens, le jeune homme jovial les passe via un ordinateur mais seulement car il estime qu’il ne pourrait pas écrire dans un temps imparti.
Toujours optimiste, l’étudiant en droit a effectué un stage chez un avocat il y a quelque temps. Il raconte avoir suivi ce professionnel partout, entre Aix, Marseille et Martigues. Les deux hommes se sont rendus au tribunal correctionnel, et Baptiste explique avoir perçu quelques regards insistants du personnel du tribunal. « En gros, ils se demandaient ce que je foutais là. » Baptiste explique également se sentir plus à l’aise à l’université que dans la rue, notamment vis à vis du regard des autres. « Les gens se disent, s’il est à la fac, c’est qu’il n’est pas débile. Ce que dans la rue tu n’as pas ».
Le jeune adulte souhaite devenir journaliste. Il passera les concours de l’EJCAM, l’école de journalisme de Marseille, en mai prochain. Entre changement d’études et changement de fac ; cela donnera t-il lieu à un nouveau combat ?


Lucie Mayoral