Découvrir Aix-en-Provence autrement qu’au travers de ses monuments emblématiques, c’est le défi auquel s’emploie le collectif le «visible est invisible».

Un rendez-vous hebdomadaire qui débute chaque mercredi à 10h, comme toute visite en bonne et due forme, à l’Office de Tourisme de la ville aux mille fontaines. Véritable institution de la Florence provençale, le mémento ne peut s’empêcher de m’en dévoiler davantage sur l’imposante fontaine de la Rotonde. Située non loin de notre point de rencontre, rien d’étonnant donc à ce que Frédéric choisisse de s’y arrêter un instant.

J’apprends que le véritable nom de la source n’est autre que la fontaine des trois grâces, baptisée ainsi en référence aux trois statues qui l’ornent. Chacune d’entre elles représente une économie d’une ville environnante. L’agriculture et le commerce pour la ville de Marseille, les beaux-arts pour la ville d’Arles, et enfin, la justice pour la première ville romaine de France, Aix-en-Provence.

Cap ensuite sur la place des Augustins. L’occasion pour mon guide toulonnais de se confier sur les motifs qui l’ont poussé à organiser cette visite « Hors des sentiers battus ». Il m’apprend que c’est face à l’indifférence des passants pour ces ruelles, ruisselantes d’histoire, que lui est venue l’idée de ces excursions. Voilà pourquoi, « lever les yeux sera notre leitmotiv pour les deux heures à venir ! ». Plus loin, à l’angle de la rue de la Brueys, il me suffit d’ailleurs de pencher la tête en arrière pour observer l’œuvre de l’artiste français Invader. Une mosaïque inspirée du jeu d’arcade « Space invaders », très populaire durant les années 80. Des trésors négligés, j’en croise bien d’autres sur les façades des immeubles aixois.

Autre rue, autre époque. Mon périple se poursuit et je m’immobilise devant la rue fermée. Rue fermée car en 1630, cette dernière a été close à ses deux extrémités à la suite d’une épidémie de peste. Je me remets en chemin et longe la rue Lisse des Cordeliers avant de pénétrer dans la place du Forum des cardeurs. Le tout rythmé par les indications empreintes d’humour et de bienveillance de mon guide. Enfin, apparaît une rue chère à mon cœur, ma rue, la rue Venel. Avec surprise, j’apprends qu’à l’endroit où se situe mon immeuble se trouvait autrefois l’un des remparts de la ville. Face à mon bâtiment, les traces visibles laissées par un emmurement effectué pour empêcher la prolifération de la maladie.

J’emprunte ensuite la rue du Bon-Pasteur et rejoins la place Vendôme, avant de descendre le cours Sextius pour gagner le Grand Théâtre de Provence. Devant le Pavillon Noir, bâtisse moderne du célèbre architecte Rudy Ricciotti, ma visite s’achève. Un circuit atypique, durant lequel Frédéric n’a eu de cesse de me démontrer que « le visible est invisible ». Un pari réussi en cette journée ensoleillée !

Morgane PARISOT