La petite salle de cinéma au cœur de Cavalaire était sans vie depuis le mois d’août. Mais on peut compter sur la détermination de la nouvelle équipe de cinéphiles qui en a pris possession pour faire renaître le phœnix de ses cendres. Malgré le couvre-feu puis le confinement, son enthousiasme et sa motivation n’ont absolument pas été ébranlés.

« Je me souviens d’y être allé voir Twilight. Je trouvais ce film abominable mais mon adoration pour cette salle, un peu vieillotte, accueillante et chaleureuse l’emportait ». Dix ans après, Vincent se souvient encore de cette projection partagée avec une amie. « Je n’arrêtais pas de parler, ce qui avait le don de l’exaspérer ». Etudiant, il a désormais quitté Cavalaire mais tant de bons souvenirs d’enfance sont associés à ce cinéma. En effet, il a marqué plus d’un habitant de la station balnéaire. Cette salle a vu grandir plusieurs générations de jeunes spectateurs, séance après séance. Vincent, comme bien des Cavalairois, a été ravi d’apprendre que la salle a trouvé un nouvel exploitant en octobre. Ravi que ce lieu de rencontre et de partage ne s’éteigne pas.

Le confinement n’a pas été une chose simple à accepter. Quelques jours seulement après la réouverture du cinéma le 24 octobre, l’heure de la seconde mise sous cloche a sonné. Quelle frustration. Un cinéma tout juste rénové et modernisé. La programmation du mois de novembre était prête. Et l’équipe s’impatientait de pouvoir la faire découvrir au public. « Jusqu’à la dernière minute, la dernière annonce, nous avions toujours espoir que le cinéma ne ferme pas » nous confie William Sessa, le nouveau projectionniste. Mais l’équipe a dû accepter cette déconvenue. Elle en a profité pour imaginer des projets inédits et une nouvelle programmation. « C’était difficile parce que les distributeurs sont eux-mêmes un peu perdus. La sortie des films est à nouveau différée ». En novembre, toutes les salles de cinéma se posaient cette question : pourrons-nous rouvrir pour les fêtes de fin d’année ? Durant les vacances de Noël, les spectateurs fréquentent assidument les salles obscures. Mais, comme nous le savons tous, cette année n’est pas comme les autres. En fonction de la situation sanitaire, les déplacements pourraient être à nouveau restreints. Moins de familles descendront passer le réveillon dans le Sud. En tout cas, plusieurs films d’animation et des comédies sont prévus à partir du 16 décembre.

L’équipe du cinéma souhaite proposer des séances qui incitent les spectateurs à retrouver le chemin des salles obscures. Cette année, la population s’est habituée à rester chez elle pour regarder une œuvre cinématographique. Il faut que la salle redevienne un lieu de plaisir et de loisir. Pour cela, les exploitants sont à l’écoute du public. « Nous avons projeté Una Promessa avant le confinement. Une spectatrice nous a confié que le film était très touchant. Peut-être trop, en cette période bien difficile » confie le projectionniste. Un peu de légèreté ne ferait pas de mal. Egalement en charge de la programmation, il prend en compte les attentes des spectateurs et aime échanger avec eux à la fin des séances. « Je demande toujours si le film a plu. Je cherche à connaître les goûts et les attentes des spectateurs ». Il convient donc d’assurer une  programmation particulièrement variée. Cinq titres sont proposés chaque semaine : des films d’art et d’essai, des films d’animation, des blockbusters, … Rien, ni personne n’est oublié. Et surtout pas les enfants. Rappelons que le nom du cinéma, « Athéna », a été choisi en l’honneur de la fille du nouvel exploitant, Gregory Dimirdjian. Les écoles de la ville ont déjà été contactées. Lors de la première semaine de projection, le cinéma a accueilli le centre de loisirs. Les enfants ont pu découvrir le travail du projectionniste et la bande-annonce du film d’animation « 100% loup ». « On voudrait familiariser le jeune public avec cette salle : le cinéma est un art à la portée de tous ». Des avant-premières sont également prévues avec la participation des équipes de tournage. Le réalisateur du film « Frères d’armes », Sylvain Labrosse, fait notamment partie des prochains invités. « Nous voulons offrir quelque chose de différent, nous distinguer des autres salles du Golfe de Saint-Tropez ».  Ambitieuse, l’équipe du cinéma envisage même de mettre en place un festival en juin ! La ville de Cavalaire sera-t-elle bientôt le nouveau Cannes ?

Elisa Hemery