Aix-en-Provence, ville d’eau et de vieux os ? C’est la question que nous nous
sommes posée dans ce numéro. Les bars doivent fermer à une heure du matin, la vente d’alcool est interdite passée 21 heures, les plus grosses boites de nuit sont à l’extérieur de la ville, la plupart des festivals visent un public âgé et/ou aisé.

Pourtant, l’Aixois moyen n’est pas si vieux. D’après l’INSEE, en 2016, les plus de 60 ans représentaient 24,2% de la population aixoise lorsque la moyenne française est de 23,2%. Loin de vouloir partir défaitistes, dans ce hors-série, nous avons donc cherché à montrer que des initiatives par et pour les étudiants existaient encore à Aix-en-Provence.

Des bons plans existent, des associations font vivre la ville, les théâtres orientent leur politique en faveur des jeunes. Ne manque alors plus qu’une réelle politique publique en leur faveur. En cette année d’élections municipales, la question de l’accès à la culture et du public auquel elle se destine devrait se poser dans une ville où cohabitent étudiants et retraités. Malheureusement, la problématique semble négligée par les candidats. La culture n’est vue que comme un vecteur, de sociabilisation, d’intégration, de rayonnement international ou, pire, comme un outil économique. Trop heureux de considérer qu’Aix est déjà une capitale artistique et universitaire, ils en oublient que tous n’ont pas la même vision de la culture.

La question de sa place dans une ville est pourtant éminemment politique. Outre les débats sur la place de l’artiste, qui nous renvoient à Socrate et Platon, on peut encore se demander si l’on doit privilégier un bien-être désintéressé et éphémère des citoyens ou une vision davantage
comptable et pragmatique de la ville. L’engouement de festivals gratuits comme l’Aix Student Fest ou le Moov’In Sud Festival (à Marseille lui) montrent que les Aixois de moins de trente ans ont un vrai appétit pour les propositions culturelles publiques. Et celui-ci semble tristement oublié du monde politique. Le calcul électoral est pourtant dangereux.

Rares sont les électeurs qui aiment se sentir délaissés. Ne pas entendre leur besoin montre au mieux une absence de connaissance du terrain, au pire un mépris. On aura beau critiquer le « ok boomer », le choc de génération, semble toujours visible à Aix.

Gaspard Dareths