À l’ombre de son imposant voisin le MuCem, la Villa Méditerranée est un symbole de MP2013. Inauguré lors de l’année Marseille Capitale Européenne de la Culture, le bâtiment s’est introduit dans les débats des élections régionales des 6 et 13 décembre. Jugé inutile et trop coûteux par Christian Estrosi (LR) et Marion Maréchal-Le Pen (FN), il devrait être vendu si l’un des deux accède à la présidence de la région. À gauche, Christophe Castaner (PS) et Sophie Camard (EELV) veulent conserver la villa sous le giron du Conseil Régional. Ce qui fait débat, c’est principalement son coût, estimé à environ 5 millions d’euros annuels, en frais d’entretien à la charge de la région. Une manne qui s’ajoute aux 70 millions d’euros que la Villa Méditerranée a coûté à la construction: somme qui pourrait être en partie récupérée en cas de vente. De plus, Christian Estrosi qualifie l’établissement de «vide», fustigeant le fait qu’il n’ait pas trouvé son public depuis son inauguration.
Le nouveau président de l’établissement, Bernard Valero, un diplomate entré en fonction le 6 octobre dernier, se refuse à tout commentaire. Il se réfugie derrière le devoir de réserve des fonctionnaires, notamment en période électorale, alors que l’avenir de son établissement est en jeu. Mais la Villa Méditerranée n’est pas un musée ou un simple centre d’exposition. Elle entend être un pont entre les deux rives de la mer dont elle porte le nom. «Ces lieux symboliques ne sont pas conçus pour gagner de l’argent, mais pour faire de Marseille une capitale euroméditerranéenne à l’image de Barcelone. Un lieu de paix et d’ouverture, ce qui n’est pas rien dans le contexte international», défendait Michel Vauzelle, président actuel de la région (La Provence, janvier 2015).
Ainsi, elle accueille de multiples rendez-vous sur les thèmes économiques, politiques, ou des expositions. Dernièrement, la Semaine Économique de la Méditerranée s’y est tenue, du 4 au 7 novembre. Et en ce moment, c’est l’exposition «Dessine moi la Méditerranée», soutenue par le dessinateur Plantu, qui occupe le lieu. Pourtant, et malgré la défense de Michel Vauzelle, la Villa est récemment passée sous le contrôle de l’Avitem, un groupement d’intérêts publics créé à Marseille en 2012. La Région cherchait ainsi à se débarrasser de sa seule responsabilité financière pour la transférer à la structure, justement à cause du besoin de financement. Début 2015, le président espérait ainsi que l’Avitem lève 20 millions d’euros de fonds européens pour la soutenir. Or, aujourd’hui encore, la Région en assure les coûts d’entretien. Christian Estrosi estime alors un coût global de l’ordre de 100 millions d’euros pour la Région depuis sa création, alors que son programme repose sur des économies et une baisse des dépenses du Conseil Régional. Toutes ces questions, sur son financement notamment, alimentent aujourd’hui le débat. C’est aussi une manière, pour les candidats de gauche, de défendre une partie du bilan de Michel Vauzelle. Et pour les autres, de l’attaquer!
Robin Gabaston