Portrait du député-maire de Nice, tête de liste des Républicains en Paca

Député, maire, ministre, conseiller général, municipal… À 60 ans, Christian Estrosi a étrenné nombre de mandats politiques et fonctions exécutives. Mais celle de président de Conseil régional manque encore à son palmarès. Il tente donc de la briguer, dans sa région natale : Paca, où la droite est bien ancrée.

Né à Nice, Christian Estrosi abandonne vite ses études au lycée (il n’a pas le bac), et se consacre… à la moto. Oui, peu le savent mais avant de faire carrière en politique le maire de Nice a été quadruple champion de France de moto de 1975 à 1979. Mais en 1983, il abandonne définitivement le deux-roues mais pas la compétition : il se consacre à la politique. Conseiller municipal de Nice en 1983, conseiller général des Alpes-Maritimes en 1985, député en 1988 : il est alors le benjamin de l’Assemblée nationale. Il sera également président du conseil général de son département natal de 2003 à 2008.

Puis viennent les fonctions gouvernementales : de 2005 à 2010 il sera successivement ministre délégué à l’Aménagement du territoire sous Chirac puis secrétaire d’État à l’Outre-mer et enfin ministre de l’Industrie sous Sarkozy. Depuis, le député-maire de Nice est revenu à sa région. Côté privé, il est marié à la sénatrice Dominique Sassone, et père de deux filles de 28 et 30 ans.

Sur ses positions politiques, il est souvent classé à la « droite de la droite ». Il marque les opinions avec certaines positions « choc ». D’abord en 1991, où il propose le rétablissement de la peine de mort pour « les crimes les plus graves », puis en 1998, où, en pleins débats sur le PACS, il qualifie de « décadente » une société qui accorderait les mêmes droits à tous les couples… Mais il prend un virage à 180 degrés dès 2008 et se dira même « ravi » de célébrer le premier mariage gay lors du vote de la loi en 2013.

En revanche, il y a des sujets sur lesquels il ne transige pas, et où quelques unes de ses déclarations font du bruit : l’immigration et la sécurité. Il propose notamment la révision du droit du sol à Mayotte en 2008 ; qualifie, en direct à la radio en 2012, de « voyous » les gens du voyage illégalement installés sur un terrain avec « leurs grosses voitures et grosses caravanes, que beaucoup de français ne peuvent se payer ». L’islam ? « Incompatible avec la République selon lui » (2013), quand il voit « ce qui est fait en son nom ».

Quant aux migrants, pour lui, « la France n’a pas les moyens de les accueillir ». Il veut quasiment stopper les demandes d’asile et l’Aide médicale d’État, affirme-il sur Itélé en mai dernier. Des similitudes avec le FN ? Il nie, et qualifie même son adversaire Marion Maréchal le Pen de « pire version, la plus extrême, la plus dangereuse des trois (le Pen) » au micro d’Europe 1. Véritable pensée ou simple stratégie électorale ? Lui seul le sait.

Sur le plan économique, il se dit « proche des ouvriers ». Ministre de l’Industrie, il enchaine les visites d’usines, est même salué par Jean-Claude Mailly de Force ouvrière. Paradoxe, il trouve presque trop libéral l’actuel ministre de l’Économie « un financier, c’est pas une bonne idée, il ne connaît pas le monde ouvrier, Montebourg aurait dû continuer », déclare-t-il sur BFMTV l’an dernier.

Mais si il y a un domaine que maîtrise parfaitement le Niçois, c’est le terrain et les réseaux sociaux. Fort de ses 69 000 followers sur Twitter et 109 000 « fans » Facebook, il partage sa vie, publique mais aussi privée, au quotidien. Plusieurs tweets par jour, des photos très pro, sur tous ses déplacements. Il semble être partout, tout le temps, sur tous les évènements de sa ville bien sûr mais aussi de la région. C’est comme ça que sur son compte Twitter on peut le voir aussi bien à des inaugurations, des rencontres, qu’au milieu d’une exploitation de pommes, sur une plage ou un bateau, sur le tour de France, mais aussi à l’Église ou en plein footing ; au sommet du Mont-blanc, ou encore à l’arrivée d’un semi-marathon… Il garde son côté sportif. Bref, une sorte d’hyperactif. Au point de se demander où il trouverait le temps de diriger la région dans tout ça ? À suivre…

Thibault Franceschet