Les platanes du Cours Mirabeau, déjà décharnés par l’hiver, sont depuis quelques jours victimes d’abattage sur ordre du préfet. En cause, le chancre coloré, une maladie incurable et contagieuse.

Sur le Cours Mirabeau, des pancartes explicatives indiquent que l’arbre malade, ainsi que tous ceux qui se trouvent dans un rayon de 35 mètres, devront être abattus. En tout, ce sont 25 platanes qui disparaîtront. Si tous ne sont pas atteints, beaucoup seront abattus par mesure de précaution.

Le chancre coloré, maladie présente dans la région depuis les années 90, est provoqué par un champignon pathogène très virulent. Il ne s’attaque qu’aux platanes et peut provoquer leur mort en quelques années. Les arbres malades ou morts deviennent alors très fragiles et leur chute représente un danger pour les passants et les véhicules. D’où l’importance de les abattre. Aujourd’hui, de nombreux départements de la région ont connu au moins un foyer de chancre coloré.

Si le champignon se propage naturellement par les soudures racinaires des platanes ou par la dispersion aérienne de spores, c’est l’action de l’homme qui favorise le plus la dissémination. Les blessures infligées par les outils de taille ou les engins de chantiers mal désinfectés, ainsi que le transport de bois ou de sciure contaminée sont les causes principales de cette propagation de la maladie.

Cet abattage attriste de nombreux passants. Eric, Marseillais, regrette l’allée arborée qu’il appréciait tant. « Je trouve cela dommage, car ce sont de beaux arbres. J’espère qu’ils seront remplacés par d’autres, sinon ce sera bien triste ». Nathalie, quant à elle, apprécie que les habitants soient informés, mais s’interroge sur les vraies raisons de cette mesure : « Je suis épatée que la mairie ait communiqué ainsi car ce n’est pas le cas dans les autres communes. En revanche, je me demande si c’est de l’information ou de la communication. »

Cette mesure est particulièrement critiquée par les défenseurs de la nature, dont le collectif Aix en Arbres. Comme l’un de ses membres le rapporte à France Bleu, « Ça fait plus d’un an qu’on a alerté sur la propagation du parasite. Quand les arbres infectés sont coupés, les outils ne sont pas nettoyés, les poussières s’envolent aux quatre vents, le parasite se propage à une vitesse folle ». Pour une autre, « c’est à force de bétonner le centre-ville que les arbres souffrent et tombent malades ». 

La mairie rappelle par ailleurs qu’elle va procéder à des replantations. Dans deux semaines, 61 érables devraient apparaître sur le Cours Mirabeau. Ils cohabiteront avec quelques platanes, derniers survivants de cette triste hécatombe.

Hélène ANDOLFATTO