À la suite de la conférence « Jeunesse et famille, quels enjeux ? » de Serge Mori, organisée mardi 14 janvier par le magistère JCO, les élèves de 1ère année ont réalisé un dossier de presse. De l’ambiance générale de l’événement aux thèmes abordés par le psychothérapeute, voici une présentation générale de cette rencontre.

« Enfance et Famille », la conférence de Serge Mori à la faculté de droit

Mardi 14 janvier, au sein de la faculté de droit d’Aix-en-Provence, Serge Mori a présenté une conférence face à un parterre d’étudiants. Avec pour thème « Jeunesse et Famille, quels enjeux ? », cette rencontre se voulait être une véritable déconstruction de la pensée dominante. Ce pédopsychologue réputé prêche pour « un retour aux sources », un modèle familiale composé d’une fonction paternelle forte, synonyme selon lui de législateur familiale.

Serge Mori est un véritable touche à tout. Docteur, professeur, psychothérapeute libéral, président de l’association française de thérapie narrative,  auteur, officier de réserve et multiple fois médaillés, dans son temps libre il collabore avec les médias et tient des conférences dans toute la France.

Organisé par le Magistère Journalisme Communication des Organisations (JCO), la conférence était vivante. La salle réunissait étudiants de tous bords, tous impliqués par le spectacle. Cette représentation tripartite a évoqué tour à tour les différents modèles familiaux, dont la famille recomposée, et la relation qu’entretiennent les enfants avec les écrans.

Serge Mori accroche l’auditoire. Usant de pédagogie, sa conférence est parsemée de références contemporaines et concrètes. De Foucault au Seigneur des Anneaux, Serge Mori incarne le propos qu’il défend.

Au cœur de la salle des actes les interventions fusent. Cet habitué de l’exercice prend à cœur son intervention. Entre registre familier et tutoiement, sa volonté de briser le 4ième mur, séparant la chair de l’auditoire, transpire de sa représentation.

Après deux heures de conférence, Serge Mori semble fendre l’armure. L’auteur de La fureur de dire se livre sur les invectives qui ont pu lui être adressés. En guise de réponse, ce « bon client » des médias force le trait et revendique ce « droit d’être gris ».

Nicolas Himène.

Une conférence aussi passionnante que provoquante

« J’en ai assez d’entendre des discours écolos et féministes », Serge Mori n’a pas hésité à tenir un discours provoquant pour tenir en haleine les futurs communicants et journalistes du Magistère JCO. Le tout pendant près de deux heures.

Serge Mori est arrivé avec quelques minutes de retard, enthousiaste et décontracté, saluant chaleureusement les étudiants présents. Gil Charbonnier et Séverine Pardini ont pris la parole pour remercier les organisateurs de l’événement et présenter le parcours, très riche, de l’invité. Flatté par un tel accueil, le pédopsychologue s’est lancé dans un discours qui n’a laissé aucun magistérien indifférent. Les mots et les expressions percutantes ont laissé place à de captivantes questions et à de vifs échanges entre le Président de l’Association Française des Thérapies Narratives et la salle.

A travers les expressions percutantes employées et son efficace utilisation de l’actualité, M. Mori a su captiver l’attention de son auditoire. Les questions posées par les magistériens ont laissé place à de vifs échanges entre le Docteur en psychologie et la salle. Des actions féministes au discours d’Éric Zemmour en passant par le terrorisme, il a argumenté avec des exemples aussi concrets que polémiques.

Serge Mori n’a cessé de se déplacer dans la salle, se rapprochant de ses auditeurs pour les observer, les analyser et les questionner. Les étudiants se souviendront de son intervention animée et passionnée. De lourds applaudissements ont raisonné pour remercier l’homme aux milles activités de s’être déplacé.

Lenna Gwiss.

Ambiance provocatrice à la conférence de Serge Mori

Une ambiance inhabituelle dans la Salle des Actes de la faculté de droit d’Aix-en-Provence mardi soir 14 janvier. Préalablement présenté selon les convenances par Monsieur Gilles Charbonnier, puis loué d’éloges par Madame Séverine Pardini, le pédopsychologue, Serge Mori, change le ton dès le début de son propos. « Je commence à en avoir marre des discours féministes et écologiques », lance-t-il, pour continuer en qualifiant Greta Thunberg d’ « autiste ». Les esprits s’échauffent, dans l’alternance des questions et des longues séquences de parole de Serge Mori, souvent agrémentées de nombreuses références culturelles, allant de Freud à Beaumarchais.

Au fur et à mesure, il nous parle de nos peurs, dont « 92% seraient des illusions selon les neurosciences ». Puis, il enchaîne sur les chagrins d’amour, Narcisse et le complexe d’Œdipe. Dans un registre plutôt détendu, il nous parle de la famille, « l’endroit le plus névrosé au monde », et du « père castrateur ». Adepte des thérapies narratives, Serge Mori casse les codes pour attirer l’attention.

Ce que l’on retient de la conférence de Serge Mori, c’est sa capacité à jouer avec les mots, à se servir de son public. Au lieu de l’appâter, il le provoque. Mais, qu’en est-il de ce moment où Susie-Lou lui demande d’exposer sa vision de la famille homoparentale, et où le pédo psychologue émet une longue tirade pour expliquer qu’il ne veut pas répondre.

Un auditoire effaré à certains moments, quand il balance qu’il est « plus serviable pour le discours féministe que les féministes elles-mêmes » ; amusé d’autres fois tant les propos interpellent. L’ambiance n’aura cessé d’être ahurissante, au sein de la Faculté de Droit.

Clara Goddet.

L’ode au pater familias de Serge Mori

« Pas de père pas de repères. » Serge Mori a des idées très arrêtées sur ce que doit être le père au sein d’une famille : le patron. Grâce à l’étymologie du mot, du latin pater, qui signifierait « patron », il justifie la domination du père sur sa femme et ses enfants. Le patron de la famille, détient donc systématiquement le dernier mot, en particulier sur l’enfant. L’enseignant en psychologie le rappelle, enfance, du latin infans, désigne celui qui n’a pas encore accès à la parole.

En tant que chef de la famille, le père « castrateur » inspire la crainte. On se souvient d’ailleurs, souligne-t-il, du nombre de fois où notre mère nous a dit « Attention quand ton père va rentrer ! ». Pas besoin de présence physique pour que son autorité continue d’être effective, à partir du moment où il existe toujours dans le discours de la mère. Ceci dit, insiste le pédopsychiatre, il ne faut pas confondre crainte et peur, ni autorité et autoritarisme. Certes le chef de famille représente la loi, loi souvent perçue comme une instance punitive. Or, comme le soutient l’orateur, la loi vise avant tout à protéger. Pourtant cet idéal n’existe plus, déplore-t-il, on a délogé le père de sa fonction.

Même dans le cas des familles monoparentales, Serge Mori avance qu’il est toujours possible de trouver un substitut au père, dans la spiritualité par exemple. En revanche, malgré les nombreuses questions posées à ce sujet, il a préféré ne pas se prononcer sur les familles homoparentales.

Charlène Celzard.

« Pas de père, pas de repère »

-Dans vos différents travaux, vous insistez sur le rôle prépondérant du père dans la famille. Selon-vous, qu’est-ce qu’un père idéal ?

« Je considère qu’il n’y a pas de père idéal puisqu’il n’y a pas de famille idéale. Mais, le père est celui qui gouverne et qui guide son enfant. Il doit avoir un rôle d’exemplarité pour régner en maître dans sa famille. Cela implique nécessairement la reconnaissance de sa fonction paternelle par la mère. Sinon, l’enfant ne craindra pas son père et celui-ci ne pourra pas l’éduquer correctement. »

-Par conséquent, vous considérez que les problèmes de comportement de certains enfants sont liés à une défaillance du père ?

« Oui, lorsque le père est absent ou n’assure pas sa fonction, les enfants n’ont plus cette crainte de la sanction. Freud dit que le père est celui qui apporte la loi et qui sécurise. Il fait référence à la loi. Le père punit et sanctionne pour protéger l’enfant. Sans figure paternelle, l’enfant n’a plus de garde-fou. Je remarque une grande corrélation entre la délinquance et l’absence de père, notamment dans les centres pour mineurs délinquants. Quand on cherche à comprendre la raison de leur comportement, on observe que la plupart ont eu un manque de présence paternelle. »

-Dans cette optique, quelles solutions donnez-vous aux familles où le père n’est pas présent ?

« La fonction paternelle peut alors être assurée par une autre instance comme la religion ou un autre homme de la famille. Jacques Lacan disait « On peut se passer du père à condition de s’en servir ». Dans les familles monoparentales, la mère peut aussi exercer la fonction paternelle en devenant la figure de loi pour son enfant. »

Valentine Lamoureux.

« La famille idéale n’existe pas » selon Serge Mori

Serge Mori, psychothérapeute à Aix en Provence et auteur de l’essai « Les parents parfaits n’existent pas » est intervenu à travers une conférence pour discuter des enjeux de la famille avec les étudiants du Magistère JCO. 

La famille traditionnelle n’existe pas et pour plusieurs raisons. Le psychothérapeute a abordé la question de la place du père dans la famille et en est venu à une conclusion particulièrement singulière : le père a été délogé de sa fonction. Celui qui avait une fonction paternelle autrefois, associée à la loi et la punition selon Freud qu’il cite tout au long de sa démonstration, n’est plus le seul à avoir une place prédominante dans les familles actuelles. Notamment, en raison des familles recomposées qu’il préfère appeler « rassemblées ». Ou bien en raison de la présence de la mère, car c’est à travers son discours qu’elle le fait exister. De nos jours, la fonction paternelle n’est plus seulement incarnée par le père et remet ainsi en cause la famille traditionnelle.

Selon lui, dans la famille, endroit névrosé par excellence, tous les individus vivent dans l’illusion. Bien qu’il affirme que le modèle de la famille idéale n’existe pas, s’il devait la décrire, elle se constituerait d’un père qui règne « en pater » et d’une mère tournée vers son enfant.

Le père est au-dessus de tous car il est le « patron » et la mère « nourricière » lui donne « cette illusion ». Il reste cependant conscient que ce modèle n’est plus représentatif.

Enfin, après l’avoir interrogé sur le sujet de l’homoparentalité sur lequel il refuse de se prononcer, Serge Mori évoque les familles recomposées et les divorces. Le thérapeute livre les diverses raisons de la rupture à travers les expériences de son cabinet. Le divorce proviendrait du désaccord des parents sur l’éducation, de la difficulté à concevoir l’enfant de l’autre, son rapport à lui ainsi que les problématiques liées à l’argent.

Estelle Imbert.

La thérapie narrative : raconter des histoires pour soigner les esprits.

« La manière dont je raconte mon histoire va déterminer la manière dont je vis mon action. »

Voici comment Serge Mori résume la thérapie narrative qu’il pratique dans son cabinet de psychologie à Aix-En-Provence. Elle consiste à externaliser ses troubles mentaux pour pouvoir les affronter ou les accepter. Par exemple, une femme n’est plus anorexique, mais il faut la représenter comme en présence d’une figure extérieure « Anorexia ».

L’Australien George White est l’inventeur de cette nouvelle forme de psycho-thérapie, rappelle le conférencier. Travailleur social en hôpital, il élabore progressivement sa méthode à travers des dialogues avec les patients. Il est dénigré par le psychiatre officiel de l’hôpital et finit par s’en aller mais continue à exercer. Pas besoin de cabinet ou de canapé en cuir, il s’assoit par terre avec les malade et discute avec eux d’égal à égal.  Comme l’affirme le co-auteur des Thérapies narratives (2015) « fini le psychologue sur son divan et le silence qui règne ». Ici, on parle. Le soignant se place en tant que « non-sachant ».

Cela permet au malade de changer sa perception de sa pathologie. Pour illustrer ce mouvement de l’esprit, Serge Mori pose son téléphone en équilibre contre une boule coco sur sa table de conférence. Il se déplace de part et d’autre de la salle et va à la rencontre du public. Cette notion de perception repose sur un socle philosophique solide, de Michel Foucault à Maurice Merleau-Ponty. Elle permet de déculpabiliser les patients. On ne soigne plus des personnes mais des histoires. Chaque mot a une importance capitale.

Margaux Racanière.