Les chiffres glacent le sang. Encore aujourd’hui en France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon et 250 en moyenne seraient victimes de viol ou de tentative de viol chaque jour. Analyse d’un fléau encore loin d’être enrayé.

Depuis le mouvement #MeToo lancé sur les réseaux sociaux il y a un an, le numéro d’écoute national consacré aux femmes victimes de violences, le 3919, voit ses appels augmenter fortement. Si l’on se réfère aux statistiques recueillies par LCI, les appels portant sur les violences sexuelles ont augmenté de 59 % au cours du premier semestre 2018.

Du côté des violences conjugales, les chiffres font également froid dans le dos. Le nombre total de victimes s’élève à 225 000 cette même année. Des statistiques encore beaucoup trop élevées selon la secrétaire d’État à l’Egalité Hommes-Femmes. Marlène Schiappa a ailleurs annoncé le lundi 1er octobre un plan de cinq mesures visant à lutter contre les violences faites aux femmes. Parmi elles, une donation de 120 000 euros pour agrandir la plateforme téléphonique du 3919 afin que 100 % des appels soient entendus, ou encore une diffusion régulière depuis fin septembre de spots de sensibilisation.

Si d’une manière générale, cette annonce de la secrétaire d’État a été saluée par ceux qui accompagnent les victimes, certains pointent du doigt des lois déjà existantes. Elles pourraient en effet être mieux appliquées. C’est le cas de Mélanie Siehen, responsable de l’association Relais 77 en Seine-et-Marne : elle déplore une perpétuelle saturation de sa structure pouvant accueillir 190 victimes. Par la même occasion, la militante souligne au journal Le Parisien « une évolution du travail de la police ». Elle encourage vivement les agents à se former à l’accueil des femmes victimisées comme le commissariat de Moissy-Cramayel en région Île-de-France, qui accorde selon elle « une vraie attention aux victimes » .

88 personnalités s’engagent contre les violences conjugales et interpellent le gouvernement

Fervente militante des droits des femmes, Muriel Robin a interpellé directement le gouvernement grâce à un manifeste publié dans le Journal du dimanche le 23 septembre. La comédienne a d’ailleurs incarné Jacqueline Sauvage pour le petit écran : condamnée par la justice après avoir tué son époux violent, la sexagénaire a finalement été graciée le 28 décembre 2016.

Les 88 signataires, dont Stéphane Bern, Pierre Niney, Kad Merad, Vanessa Paradis, ou encore Mathilde Seigner, soutiennent Muriel Robin qui dénonce « un silence assourdissant » autour de ce sujet de société,. Un problème pourtant déclaré « grande cause nationale » pour l’année 2018 par le gouvernement. Cet appel incite à repenser la loi sur la légitime défense qui, selon les 88 personnalités, « devrait se garder de donner le droit aux victimes de se faire justice elles-mêmes ».

Et Muriel Robin ne s’est pas arrêtée là puisqu’elle a lancé une pétition le 1undi 1er octobre et un appel à manifester le 6  dans toute la France. La pétition est en passe d’obtenir les 500 000 signatures demandées. Le but ? « Sauver celles qui sont encore vivantes ».

Jennifer Guerrieri