Comme beaucoup d’étudiants, Manon, étudiante en L3 droit à Aix-en-Provence, est concernée par la situation actuelle des masters. « Je risque de me retrouver bloquée aux portes du M2 car il est très demandé ; je serai peut-être amenée à tenter le concours de l’ENM un an plus tôt », nous confie-t-elle.

C’est en 2002 qu’a eu lieu la réforme des cycles universitaires. Elle instaure le système LMD (Licence, Master, Doctorat). Le Master a « vocation à sanctionner une formation en deux ans« , rappelle Najat Vallaud-Belkacem, Ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Mais la sélection antérieure qui existait à bac +4 (à l’entrée du Diplôme d’Études Approfondies ou du Diplôme d’Études Supérieures Spécialisées) a été conservée jusqu’à aujourd’hui. De ce fait, les étudiants peuvent être sélectionnés à l’entrée en Master 2, pénalisant ainsi ceux qui ne parviennent pas à intégrer le Master de leur choix.

Les étudiants refusés en M2 ont multiplié les recours en justice ces dernières années. Et ils ont souvent obtenu gain de cause, selon les arrêts du Conseil d’Etat. Face à cette situation, un décret a été pris le 25 mai 2016. Il a permis une « sécurité juridique » pour cette rentrée. En effet, une liste de 1300 masters a été décrétée. Les masters concernés ont pu sélectionner leurs étudiants à ce stade de la formation. Toutefois cette solution n’est que temporaire. La Ministre de l’Education a indiqué en septembre que l’objectif est de parvenir à un accord qui permettrait de présenter un texte de loi avant novembre. Ce 4 octobre elle a abouti, avec Thierry Mandon (Secrétaire d’Etat chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche) et les organisations représentant les étudiants et les universités, à une position commune. Une proposition de réforme permanente est désormais d’actualité. Elle permet notamment aux universités de recruter les étudiants à l’entrée en M1 (et non entre le M1 et le M2). Najat Vallaud-Belkacem précise que ce recrutement serait fait à partir de « critères objectifs, transparents, fondés sur la motivation, le niveau pédagogique et le projet de l’étudiant« .
La proposition vise également à attribuer des prérogatives aux étudiants. Lorsqu’un titulaire d’une licence n’aura reçu aucune proposition d’admission répondant aux candidatures qu’il a faites pour des masters, il pourra faire valoir son droit à la poursuite d’études. L’Etat garantirait dans cette hypothèse le droit à trois propositions dans des masters compatibles avec le parcours antérieur. De plus, l’une des propositions alternatives devra concerner l’établissement d’origine de l’étudiant pour éviter de se déplacer dans une autre région. La mobilité, si elle est choisie, pourrait être accompagnée, selon le Gouvernement, sur le plan financier. Enfin, la proposition met en place une mesure de « transparence » à l’aide d’un site internet qui permettrait aux étudiants d’obtenir des informations pratiques sur les différents masters (pré-requis, modalités de candidature…).
Le 17 octobre prochain, la proposition de réforme sera soumise pour avis au Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche. Le vote du Parlement interviendra dans les semaines suivantes, pour une entrée en vigueur de la réforme à la rentrée 2017. Affaire à suivre donc.

Claire Benassar