Empêtrée dans une affaire judiciaire, la maire trois fois élue à Aix-en-Provence affirme sa volonté de briguer un quatrième mandat

A la tête de la ville d’Aix-en-Provence depuis 2001, Maryse Joissains s’estime forte d’un bilan « extraordinaire » et d’une gestion d’une « rigueur exemplaire », selon les mots qu’elle a employés au micro de France Bleu Provence, en juin dernier. Rénovation du centre-ville, création d’un pôle culturel aux imposants équipements – conservatoire, centre chorégraphique national, grand théâtre de Provence – nouveau bus, la liste des travaux et autres projets n’est pas négligeable. S’estimant ainsi seule capable de diriger la ville, elle officialisera sa candidature aux élections municipales à la fin du mois : « J’ai tendance à croire que je suis meilleure que tous ceux qui se présentent. Ce n’est pas de la prétention de ma part, c’est du réalisme » affirmait-elle dans les colonnes de la Provence en septembre dernier.

Seule ombre au tableau, Madame la maire est enlisée dans une affaire judiciaire qui menace la tenue de sa candidature.  Retour sur l’affaire qui secoue le premier édile d’Aix-en-Provence. En décembre 2013, Maryse Joissains est mise en garde à vue pour trafic d’influence et détournement de fonds publics dans le cadre d’une enquête sur des emplois de complaisance. Elle est jugée pour la promotion indue d’un chauffeur et l’embauche à la communauté de communes d’une collaboratrice chargée de la protection animale alors que ce domaine ne relevait pas des compétences de cette collectivité. Elle en ressort libre. Le 8 avril 2014, la justice l’inquiète à nouveau en la mettant en examen. Quatre ans plus tard, en juillet 2018, le tribunal correctionnel de Montpellier la condamne à un an de prison avec sursis et 10 ans d’inéligibilité pour détournement de fonds publics et prise illégale d’intérêts. En appel, le 28 mai 2019, la peine est réduite à six mois de prison avec sursis et un an d’inéligibilité.

Dénonçant un « procès politique », elle retient surtout qu’« aucun enrichissement personnel » n’a été relevé par les juges. La maire s’est ainsi pourvue en cassation contre cette décision. Ce pourvoi suspend sa peine le temps que la Cour se prononce, lui permettant de se présenter aux élections dans cette ville de 140.000 habitants. Elle prévoit d’ailleurs de se présenter sous l’étiquette « Maryse Joissains » et non pas sous son habituel bannière Les Républicains. Selon elle « les partis politiques ne font plus recette ». Elle reste cependant affiliée au parti. D’ailleurs, côté partisan, elle n’exclut pas l’idée d’une alliance avec d’autres partis, sauf avec l’extrême droite.

Sa candidature est donc envisagée, mais tout de même en sursis. Si le pourvoi est rejeté, la peine d’inéligibilité s’appliquera aussitôt. Maryse Joissains devra laisser son fauteuil à un autre membre de son conseil et ne pourra pas être candidate à sa succession. Il n’est alors pas exclu que sa fille, Sophie Joissains, sénatrice UDI, prenne le relais. Après Alain, son père, maire de 1978 à 1983 et condamné à l’époque à deux ans de prison avec sursis pour recel d’abus de biens sociaux, et Maryse, sa mère, elle perpétuerait la dynastie Joissains à la tête d’Aix-en-Provence.

Iris Bronner