Selon l’Union nationale des arbitres de football (UNAF), près de 25 000 officiels exercent en France. Parmi eux, Marouane Abbad El Andaloussi, Marseillais de 27 ans. Portrait de ce jeune homme arrivé dans l’arbitrage «  par hasard  ».

«  Tous les minots de Marseille rêvent de devenir footballeur professionnel  », raconte la légende. Marouane Abbad El Andaloussi était de ceux-là. Pendant son adolescence, durant des heures, il tape dans un ballon,  sur le stade de son quartier, à la cité des Lauriers, dans le 13e arrondissement de Marseille. Il s’imagine Zinedine Zidane. Mais pas arbitre. Pourtant, un concours de circonstances change la donne.

Alors licencié en senior dans le club de Plan-de-Cuques, son président lui propose de représenter l’association sportive en tant qu’arbitre. Prompt à traîner son mètre quatre-vingts dans des aventures, en témoigne ses nombreux voyages aux quatre coins du monde, l’enfant des quartiers Nord s’immisce dans ce milieu, habité par une grande curiosité. Depuis ses débuts en 2009, sa ténacité et sa rigueur lui font gravir les échelons. Spécialisé dans un rôle d’arbitre assistant, il évolue au niveau régional en foot à 11 ainsi qu’en première et deuxième division en futsal. Ambitieux, il vise le niveau international. Le Graal  ? «  Participer à un Euro ou une coupe du monde de futsal  ». Pour l’instant, son meilleur souvenir reste sa participation à la finale de la coupe de Provence 2016, entre le GS Consolat et l’AS Gémenos. Le top, pour un arbitre de la région.

«  Si un jour, je ressens de la peur en étant sur le terrain, j’arrêterai d’arbitrer  »

Incompréhension. C’est le sentiment ressenti par ses proches lorsque Marouane annonce sa nouvelle orientation professionnelle. Fort d’un parcours brillant, le Français d’origine marocaine est diplômé de la prestigieuse école de commerce Kedge Business School Marseille. Une belle carrière de cadre supérieur lui tendait les bras. Que nenni, sa passion pour le football est plus forte.

«  Ma famille et mes amis se basaient sur des rumeurs infondées. Ils pensaient que les arbitres se faisaient insulter et frapper durant tout le match  !  », déplore Marouane Abbad El Andaloussi. En presque dix ans de carrière, «  personne n’a franchi la ligne avec [moi]  ». Son caractère bien trempé, son sourire charmeur, ses cheveux impeccablement coiffés et son allure élégante y sont sûrement pour beaucoup. «  Si un jour, je ressens de la peur en étant sur le terrain, j’arrêterai d’arbitrer  », assure-t-il.

Néanmoins, le Marseillais n’occulte pas les problèmes de brutalité dont sont victimes certains officiels. D’après une note de l’Observatoire de la délinquance et des réponses pénales (Ondrp), 41 % des violences recensées dans une rencontre de football amateur sont dirigées vers l’homme en noir. Pour limiter ces comportements anormaux, Marouane préconise un «  durcissement des sanctions  » et surtout une «  initiation, dès le plus jeune âge, aux enjeux de l’arbitrage  ».  «  J’encourage les jeunes à se lancer dans cette voie. Il n’y a pas mieux qu’un arbitre pour définir un expert du foot  ». Sans l’homme de loi, le football n’existe pas.

Azir SAID MOHAMED CHEIK