Depuis quelques jours, la question du harcèlement de rue est revenue sur le devant de la scène puisque Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, a annoncé sa volonté de le pénaliser.

Sifflements, remarques, insultes, voire violences… Il n’est pas rare pour les femmes de changer de trottoir ou d’itinéraire pour échapper au harcèlement sexuel. Quelques unes en sont même venues à éviter certains horaires ou à proscrire des vêtements pouvant être considérés comme trop « sexy ». Alexandra, étudiante de 24 ans, en témoigne : « je ne sors jamais seule après une certaine heure, avec mes copines on se raccompagne toujours et le soir j’évite en général les crop top, les jupes, les leggings ou les habits moulants ».

Tous les jours, les femmes sont confrontées à ces comportements, quel que soit leur âge, leur physique, ou leur tenue vestimentaire. « Il n’y a pas besoin d’être bien habillée ou apprêtée, même en sortant en jogging on se fait siffler » indique Claire, étudiante de 21 ans.

Pourtant, ce constat n’est pas évident pour tout le monde. Des étudiantes de l’ESC Dijon l’ont démontré dans la vidéo suivante.

Alors que les jeunes femmes portent des tenues plus ou moins habillées, elles interrogent : « ma façon de m’habiller mérite-t-elle de me faire agresser ? ». Plusieurs des passants considèrent que, vêtues de la sorte, certaines des filles sont « provocantes » ou « cherchent » à se faire agresser.

Plus généralement, un Français sur trois estime que la responsabilité d’un violeur est atténuée si la victime porte une tenue sexy. « La culture du viol est quelque chose d’effarant aujourd’hui : la société adhère au mythe selon lequel la victime est en partie responsable de son agression à cause de son comportement ou de sa tenue », estime Claire.

Des élèves de l’université du Kansas ont cherché à mettre fin à ces préjugés en organisant une exposition nommée « What were you wearing ? »*

Crédit photo Chicago Tribune

On y retrouve 18 tenues que portaient des victimes de violences sexuelles lors de leurs agressions. Cette exposition montre qu’il n’y a pas de tenue « type » et que les tenues « sexy » ne sont pas la cause des agressions sexuelles ou viols. Au milieu des shorts, des jupes et des robes, les pantalons sont largement représentés.

Le but est de montrer que la victime n’est jamais responsable, contrairement à l’agresseur qui, lui, l’est toujours.

Alors qu’on estime que 100% des femmes seront victimes de harcèlement de rue**, de telles initiatives semblent donc nécessaires pour mettre fin aux idées reçues. Et si de nombreuses associations féministes sont sceptiques quant à l’applicabilité réelle et à l’efficacité de la future loi relative au harcèlement de rue, elle aura au moins le mérite de mettre en lumière ce problème de société. Toutefois, comme le souligne Alexandra, « ce combat doit aussi se mener via l’éducation ».

Salomé MOISSON

*  Tu étais habillé comment ?

** selon le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes