Force de proposition, une fondation britannique qui œuvre pour soutenir les artistes émergents, a lancé l’initiative « Keychange ». Autour d’elle, 45 festivals se sont engagés à respecter la parité dans leur programmation, organisation et composition du jury d’ici 2020. Pari tenu !

L’égalité hommes-femmes, quand l’atteindra-t-on ? Ce concept, loin de n’être que le fruit d’affabulations utopistes, est plus qu’à l’ordre du jour. Et semble bel et bien décidé à sortir du songe pour s’emparer du réel. Par des actions concrètes, volontaires, pour attaquer de front l’un des enjeux de notre société. Politique, entreprise, vie quotidienne, pas un recoin de la sphère sociale ne semble échapper à la dénonciation des inégalités entre les sexes. Mais comment la culture, domaine où le mâle domine, viendra-t-elle à bout de ce mal ? Par l’initiative « Keychange », la PRS Foundation, soutenue par le programme Europe Créative de la Commission européenne, opte pour la parité parfaite comme solution. À l’heure où 80% des têtes d’affiche des festivals britanniques sont occupées par des hommes*, 45 festivals et salons professionnels du monde entier se sont engagés, le 26 février dernier, à suivre cette initiative. En France, le Gilles Peterson’s Worldwide Festival de Sète et le Marché International de l’Édition Musicale de Cannes ont répondu à l’appel, à l’instar du festival londonien de musique classique BBC Proms ou du Canadian Music Week de Toronto. Mais si certains événements de grande ampleur comme Coachella en Californie ou Glastonbury en Angleterre ne figurent pas sur la liste, d’aucuns considèrent qu’il ne faut pas le déplorer.

Le 50/50 : une équation gagnante ?

« La parité est évidemment souhaitable ! Mais l’instituer volontairement me paraît réducteur pour les femmes ». Pour Marie Gendra, étudiante au MJCO, la solution ne réside pas dans les chiffres. Rebecca Gomes, qui suit la même formation, déclare quant à elle : « c’est une très bonne initiative qui renforce mon impression que la culture peut être une porte d’entrée pour faire évoluer les mœurs face à des sphères telles que l’entreprise qui ont plus de mal à évoluer ». Souhaitable ou non, la politique du quota ou celle de l’équation parfaite semble peu à peu gagner du terrain, et le domaine de la culture n’échappe pas à la règle. Emboîtant le pas, le Centre national du cinéma (CNC) a annoncé, mardi 13 mars, la mise en place de mesures pour favoriser l’égalité entre hommes et femmes dans le cinéma et l’audiovisuel, dont la parité pour toutes les commissions et leur présidence. Qu’il s’agisse ou non de la marche à suivre, ces initiatives semblent en bonne voie pour atteindre leur but ultime : l’égalité hommes-femmes.

* Pour l’année 2017 – étude publiée par la BBC en juin 2017

Thémïs LAPORTE