Mercredi 21 février à Aix-en-Provence s’est tenue une nouvelle maraude avec l’association Solid’Aix. Cette rencontre nocturne auprès des sans-abri se déroule plusieurs fois par semaine dans la ville aux milles fontaines, et connaît un grand succès auprès des sans-abris en cette période de froid hivernal.

« J’ai créé l’association après avoir constaté le nombre de gens qui vivaient dans la rue alors que tant d’invendus alimentaires étaient jetés tous les soirs. » C’est avec le soutien de la boulangerie Jacob’s, qui leur fournit régulièrement les invendus de la journée, qu’Elizabeth et les autres membres de l’association sont allés à la rencontre de ces personnes démunies. Ces dernières, reconnaissantes de l’attention qu’on leur apporte, ont volontiers accepté les verres de soupe qu’on leur tendait, ainsi que toutes sortes d’affaires comme des vêtements ou des produits d’hygiène. Lorsqu’un membre de l’association les interroge sur leurs besoins pour une prochaine fois, les sans-abri répondent sans se faire prier. Pour l’un une paire de chaussure, taille 39. Pour l’autre une chemise. Mais s’ils acceptent si facilement l’aide qu’on leur propose, c’est grâce au rapport de confiance établi depuis quatre mois avec l’association Solid’Aix. Au-delà de l’apport matériel, c’est l’aspect humain qui prime pour les bénévoles. Pour Christine, membre de l’association depuis trois mois, les sans-abri ont avant tout besoin d’échanger et de créer du lien social : « la dernière fois, un homme nous a parlé pendant 25 minutes car il se sentait seul ». Les passants accélèrent le pas, fuient le regard. Assis à côté d’un distributeur, l’un d’entre eux voit des personnes qui retirent de l’argent détourner les yeux : « vous pouvez regarder les gens d’en bas ! » leur lance-t-il. Pour Christine, ce lien est réciproque : « ça me fait beaucoup de bien, je ne peux pas l’expliquer ». Avec humilité, elle nous explique que cette situation peut arriver à chacun d’entre nous. Parfois, il suffit de perdre son emploi pour tomber dans ce cercle vicieux. Elle nous confie avoir rencontré un homme qui a perdu son travail il y a six mois, et qui continue à aller voir son fils comme si de rien n’était. Il ne parvient pas à accepter son sort. Une réaction révélatrice du rejet que subissent aujourd’hui les SDF en France.

Hélène ANDOLFATTO