Lancée en 2010, l’application permet de partager des photos ou des vidéos de courte durée, censées être prises sur le moment. Toutefois la réalité montrée est-elle vraiment celle expérimentée ?

Le 25 septembre, Instagram a dépassé les 800 millions d’utilisateurs actifs mensuels. Son nom vient de la fusion du mot « instant » avec le suffixe « gram » qui signifie écrit. Cependant, avec l’augmentation constante de ses utilisateurs, Instagram est également devenu l’occasion pour les marques d’y faire leur publicité grâce à des partenariats avec des influenceurs. Ainsi, pour créer du trafic sur leur compte et obtenir ces partenariats, beaucoup se sont écartés de la fonction initiale d’Instagram et postent en fonction de critères d’audience. Charlotte, élève en première année au Magistère JCO, réunit plus de 16 mille personnes sur son compte @journalisteenherbe. « Je poste selon les heures de pointes, c’est-à-dire que si j’ai une belle photo prise le lundi à 14h30, je la publie vers 18h, histoire d’avoir plus de visibilité » explique-t-elle.

En plus de jouer avec les heures de publication, les usagers sont de plus en plus nombreux à mettre en scène leurs clichés. « Il m’arrive d’acheter des feuilles de papier avec des motifs afin de faire des belles photos, je crée des décors pour présenter certains produits » indique Charlotte.

Le compte @youdidnotsleepthere critique la pratique de certains instagrameurs qui poussent au paroxysme cette comédie en mettant des photos d’eux couchés dans des lieux improbables pour faire croire qu’ils y ont dormi.

Cette mise en scène va de plus en plus loin puisque plusieurs célébrités ont recours à des logiciels de retouches avant de publier leurs photos. Or 41% des utilisateurs d’Instagram ont entre 16 et 24 ans. Le réseau social est considéré comme le plus nocif, notamment pour les jeunes filles, car il contribue à leur donner une mauvaise image de leur corps*. Jade, élève en deuxième année et utilisatrice quotidienne d’Instagram estime qu’il faut faire valoir la prudence : « aujourd’hui, je n’ai pas l’impression de complexer ou de me sentir mal à l’aise sur “Insta” mais je pense que plus jeune j’aurais pu. La mention « photos retouchées » devrait apparaître. »

Heureusement, cette pratique est loin d’être universelle et, même si Charlotte admet aller dans des lieux spécifiques pour prendre ses photos, ou être en partenariat avec certaines marques, elle affirme être toujours transparente avec ses abonnés. Ses photos ne sont retouchées qu’avec les filtres proposés par Instagram : « ça doit rester naturel, il ne faut pas oublier la vie réelle ».

*selon une étude menée par RSPH et the Young Health Movement au Royaume-Uni


Salomé Moisson