Avec une participation en hausse par rapport au premier tour de la primaire, Manuel Valls pouvait espérer arracher la victoire. Finalement, Benoît Hamon n’a pas failli à son statut de favori en l’emportant nettement. Sa victoire rebat les cartes de la présidentielle en écartant la ligne social-démocrate de la gauche du pouvoir. Le Parti Socialiste arrivera-t-il à se rassembler pour gagner en mai prochain ? Ou est-ce que Emmanuel Macron sera le grand bénéficiaire de la victoire de Benoît Hamon ?

Dimanche, le verdict du second tour de la primaire de la Belle Alliance Populaire est tombé. Benoît Hamon est ressorti vainqueur de son duel face à Manuel Valls, avec 59% des suffrages. Dans son discours, l’ancien Premier ministre a “chaleureusement félicité Benoît Hamon” pour sa victoire. Il a appelé au rassemblement et a souhaité bonne chance à son homologue. Quant au vainqueur, il a annoncé vouloir rassembler l’ensemble des socialistes, mais également la gauche de la gauche et les écologistes.

Pour la présidentielle, la problématique de la gauche est donc évidente. Est-t-il possible de gagner en étant divisé ? À l’heure actuelle, la réponse est non. D’après un sondage Kantar Sofres pour LCI, Le Figaro et RTL, diffusé dimanche soir, Marine Le Pen est annoncée en tête avec 25% des suffrages, devant François Fillon à 22%. Emmanuel Macron émerge à 21%, devant Benoît Hamon avec 15% et Jean-Luc Mélenchon à 10%. 
Mercredi, un nouveau sondage annonçait Benoît Hamon en hausse, avec un gain d’un à deux points, mais toujours insuffisant pour accéder au second tour de la présidentielle.

La volonté de Benoît Hamon de rassembler largement la gauche en dehors des frontières du Parti Socialiste, a fait réagir certaines personnalités politiques. Jean-Luc Mélenchon s’est montré conciliant avec le vainqueur de la primaire en notant chez lui des “paroles proches de la sienne”.

À l’heure où nous écrivons ces lignes, un rapprochement semble se profiler entre Yannick Jadot et Benoît Hamon. Pourtant, lundi matin, le candidat EELV à la présidentielle, affirmait que son désistement au profit de Benoît Hamon n’était pas à l’ordre du jour, “il y aura un bulletin Jadot à la présidentielle” avait-t-il déclaré. Finalement la pression exercée par la députée européenne EELV Michèle Rivasi et Noël Mamère ont poussé Yannick Jadot à rencontrer Benoît Hamon. Le candidat écologiste a qualifié mercredi de “point de départ” sa rencontre avec le candidat socialiste, en notant qu’ils avaient partagé “le même diagnostic sur un espace couvrant l’écologie, le social, l’Europe, et la démocratie”.

Du côté du gouvernement, les soutiens ne pleuvent pas après la victoire de Benoît Hamon, le Premier ministre Bernard Cazeneuve a assuré que la “gauche ne réussira pas sans assumer le bilan du quinquennat de François Hollande”. Les différents ministres du gouvernement ont surtout appelé le vainqueur de la primaire à changer son positionnement, au risque de trop cliver le parti. Jeudi, Benoît Hamon était attendu à l’Elysée pour rencontrer le président de la République François Hollande. Après son entretien Benoît Hamon a déclaré avoir débattu des questions européennes et de la politique internationale. Mais il n’a pas pu obtenir un soutien direct du président.

Macron, grand bénéficiaire de la primaire ?

Reste que la victoire de Benoît Hamon laisse un boulevard au centre pour Emmanuel Macron dans l’échiquier politique. A droite comme à gauche, les deux vainqueurs des primaires sont sur des positions rigides. Le fondateur du mouvement “En Marche!” capte ainsi les voix des déçus (centre droit et social-démocrate). Après les résultats de la primaire, quatre élus du PS ont annoncé très rapidement leur ralliement à Emmanuel Macron. Alain Calmette, député du Cantal a communiqué son choix seulement une heure après l’annonce des résultats. Du côté de l’entourage du mouvement, on laisse pour l’instant la porte grande ouverte. Gérard Collomb, soutien indéfectible de Emmanuel Macron, s’est dit favorable à l’arrivée de “tous les progressistes”, du centre-droit comme du Parti Socialiste.

Jordan Piol-Speranza