Les barrages et blocages tiennent bon. Le gouvernement aussi. Le mouvement de contestation des « gilets jaunes », aussi désorganisé que déterminé à paralyser le pays, fait savoir depuis près d’une semaine son « ras-le-bol fiscal ». Pas d’organisation syndicale à la barre, mais de nombreux politiques qui se posent en soutien.

Entre mobilisation et récupération la ligne est ténue, et beaucoup sont suspectés de la franchir allègrement. Debout la France, la France Insoumise, le Rassemblement National, le Parti Socialiste et même Les Républicains… il semblerait que tout le monde – à l’exception de La République En Marche – ait endossé le gilet jaune cette semaine, au sens propre comme au figuré. Depuis le début du mouvement le 17 novembre, les personnalités politiques défilent dans les médias et sur les réseaux sociaux, commentent, prennent parti, voire s’impliquent. Jean Lassalle est même allé jusqu’à arborer le fameux gilet jaune au sein de l’Assemblée nationale, refusant de le retirer malgré les réprimandes du président de l’hémicycle, Richard Ferrand. Un geste qui a provoqué une suspension de séance, le règlement disposant clairement que « la tenue vestimentaire adoptée par les députés dans l’Hémicycle doit rester neutre et s’apparenter à une tenue de ville ».

« C’est la quintessence de la démagogie »

Quant à Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan ou Jean-Luc Mélenchon, ils ont choisi de soutenir le mouvement en appelant à manifester le samedi 17. « Le peuple français n’en peut plus d’être racketté » a déclaré le président de Debout la France sur Europe 1 le jour du rassemblement, avant d’aller serrer quelques mains dans sa ville, à Yerres. Comme lui, Laurent Wauquiez est allé marcher aux côtés des manifestants de son fief du Puy-en-Velay. D’après le président des Républicains « c’est un mouvement des Français qui ne doit pas être récupéré mais qui a le droit d’avoir le soutien de tous les élus ». Une déclaration que le ministre de l’Action et des Comptes publics a qualifié de « quintessence de la démagogie ». Jean-Luc Mélenchon a lui aussi exhorté les militants de la France Insoumise à participer à la mobilisation, considérant le 17 novembre comme le jour « du divorce entre le peuple français et la Macronie ».

Une mobilisation apolitique qui finit par se faire entendre 

Pourtant les « gilets jaunes » refusent toute récupération politique. Mobilisés tout au long de la semaine, et plus majoritairement les 17 et 24 novembre, il semblerait que le mouvement ait échappé à l’ensemble des représentants politiques. La récupération semble relativement illusoire face à une mobilisation aussi disparate. Elle est en effet suivie par des citoyens de tous bords politiques, voire d’aucun. Un rapide coup d’œil sur les pages internet dédiées au rassemblement et l’on constate des consignes strictes, notamment un appel à ne pas arborer de banderoles politiques ou syndicales. Une « désorganisation » qui n’empêche pas le mouvement de se faire entendre. Même si Édouard Philippe a déclaré « tenir le cap » sur France 2 dimanche 18 novembre, il semblerait que le Président de la République ait pris la décision d’en changer. Il a prévu de s’exprimer mardi 27  pour annoncer sa décision de rendre la transition écologique « acceptable » et « démocratique ». Cette annonce ne reviendra cependant pas sur la taxe carbone, que le chef d’État entend maintenir malgré les contestations.

Maud GUILBEAULT