Pour sa 15ème édition, le festival des arts multimédia, GamerZ, s’installe du 13 au 24 novembre à Aix-en-Provence. Une exposition sous forme de circuit (expositions, conférences,ateliers) qui se déploie entre la fondation Vasarely, l’École Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence et le Patio du Bois de l’Aune.  

C’est Quentin Destieu, artiste et directeur du festival qui est à l’origine de GamerZ. Il fonde en 2003 le collectif “Dardex“ avec lequel il expose régulièrement ses travaux dans différents festivals et expositions en France et à l’étranger. En 2005 avec le même collectif, il se tourne vers les œuvres d’arts interactives, c’est-à-dire manipulables par le public. Les artistes de son collectif ont démonté puis détourné des consoles de jeux vidéo pour fabriquer des œuvres d’art. C’est grâce à cette initiative que le festival se nomme depuis 14 ans “GamerZ“.

Minitel 1985 « 3615 LOVE ». PAMAL_Group. Crédit : Johan Lefevre.

L’exposition se découpe en trois salles à la fondation Vasarely, Cette année le thème de l’exposition est l’altérité digitale. Pour Quentin Destieu “l’idée c’est de présenter des pièces qui ont pour sujet la gestion de nos vies et de nos relations avec la technologie. On vit tous dans un monde entièrement immergé par le numérique. Cette technologie est de plus en plus omniprésente. Les artistes invités questionnent le potentiel poétique de ces technologies, ainsi que leurs dérivent sociales et écologiques en les transformant en véritables outils d’écriture au delà de leur fonction télécommunicationnelle “.

« Demain les Robots » de France Cadet. Crédit : Johan Lefevre.

Les œuvres présentées confrontent différentes problématiques face aux enjeux grandissants du numérique. Nous avons eu la chance de rencontrer France Cadet, artiste et enseignante à l’École Supérieure d’Art de la ville d’Aix-en-Provence. La troisième salle de l’exposition est entièrement dédiée à ses œuvres, et se nomme “demain les Robots“. L’artiste explore le transhumanisme et le monde de demain. Ses inspirations sont nombreuses, de David Cronenberg (Vidéodrome) à Andrew Niccol (Bienvenue à Gattaca) en passant par 1984 (Georges Orwell). Chacune de ses œuvres se regarde au travers de gadgets (lampe à rayons ultraviolets, loupes) pour dénicher toutes les subtilités qui se cachent sur les écrans avec filtre polarisant. Ici on peut voir l’évolution embryonnaire d’un bébé robot en gestation. L’écran est visible uniquement à l’aide d’une loupe.

« demain les Robots“ de France Cadet. Crédit : Johan Lefevre.

France Cadet questionne le rapport que nous entretenons avec la technologie : “là, par exemple, avec ces deux tableaux, je fais référence à “Compas“, un logiciel qu’utilise l’armée américaine pour définir le nombre d’années de prison des personnes condamnées. Le logiciel donne une note en fonction des récidives probables. Sauf que ce logiciel présente de nombreuse failles. » 

“Le logiciel Compas“ de France Cadet. Crédit : Johan Lefevre

“Mes œuvres sont politiques, elles sont des messages. Sans être militante je veux questionner les dangers des technologies ». Pour l’artiste, l’interaction entre les visiteurs et ses créations est l’objectif premier de GamerZ.

Johan Lefevre