Chaque premier dimanche de septembre le frère Daniel bénit les calissons aixois après une procession qui mène à la paroisse Saint-Jean de Malte.

Une grosse porte en bois massif permet d’accéder à cette vieille bâtisse située rue d’Italie, à Aix-en-Provence. La secrétaire nous invite à attendre frère Daniel. Il ne devrait plus tarder. Un ange passe. Quelques minutes plus tard, un homme aux cheveux blancs, vêtu d’un pull bleu marine laissant timidement dépasser une chemise nous interpelle « Désolé pour le retard » avant de nous conduire dans une salle annexe. Des meubles d’un autre temps , une large bibliothèque, des pierres apparentes… le presbytère semble figé dans le temps. « Je m’appelle frère Daniel Bourgeois » commencet-il. « Je tiens beaucoup à la dénomination frère parce qu’on partage la vie comme des frères, et non pas comme une position supérieure de père », insiste-t-il, avec un large sourire qui réchauffe un peu la pièce. Religieux depuis bientôt 41 ans, le frère Daniel a vu naître la bénédiction des calissons d’Aix-en-Provence il y a maintenant 24 ans.

« Les fabricants de calisson se sont rendus compte que cette branche de fabrication artisanale était menacée », confie-t-il. Maurice Farine et Jean-Pierre Borrelly, les «plus ou moins chefs de la corporation » comme les définit frère Daniel, décident donc de créer une fête populaire afin promouvoir cette confiserie. « Jean-Pierre Borrelly est venu me voir et m’a demandé si on pouvait créer la bénédiction des calissons » explique-t-il. Depuis, chaque année à Aix-en-Provence, plus d’un millier de personnes assiste à la béné- diction des calissons. Quand on lui demande quel rapport il y a entre les calissons et la religion, le frère Daniel rigole. « Selon Marcel Provence, il y aurait un grimoire trouvé dans la bibliothèque de Munich en 1948 dans lequel il est écrit que des biscuits étaient bénis par l’Archevêque avant d’être distribués aux fidèles. Vu que ces gâteaux n’avaient pas de noms, on les a appelés calisson car en fond il y avait le chant : « Venite Ad Calicem. Calicem, calisson.» assure-t-il, avant d’ajouter en riant de plus belle : « Mais ni Borrelly ni moi n’étions dupes. On savait que c’était de la frime.

La bibliothèque avait été rasée pendant la guerre ». Passionné et passionnant, le frère Daniel nous avoue qu’il pourrait nous en parler pendant des heures. Mais le temps file à toute vitesse, il regarde sa montre avant de nous annoncer « Mince je suis déjà en retard pour l’office ! ».

Calypso Demoustier