A l’approche de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron, leader du mouvement En Marche ! était pointé du doigt par ses rivaux pour n’avoir pas présenté de programme politique. Pourtant, le candidat a progressivement levé le voile sur les grandes lignes de son projet.

Première candidature présidentielle, 39 ans, ancien banquier, sans parti politique, « ni de droite ni de gauche », Emmanuel Macron vient chambouler le paysage politique depuis la création de son mouvement En Marche ! en avril 2016. D’après les derniers sondages, l’ancien ministre de l’Economie fait partie des grands favoris dans la course à la présidence. Emmanuel Macron dispose néanmoins d’un électorat fragile, pas encore complètement convaincu par ses projets. Il affiche la volonté de rassembler la gauche et la droite à travers un programme destiné à faire « entrer la France dans la modernité ». Mais la communication de sa campagne politique reste vague et soulève encore des interrogations quant aux véritables ambitions du candidat. Toutefois, à deux mois du premier tour, l’homme politique a révélé certaines de ses mesures phares. Retraite, fiscalité, santé, travail, écologie… Le programme d’Emmanuel Macron commence à se dessiner progressivement.

Un programme économique et social qui se précise

Emmanuel Macron a enclenché la première après ses alliances clés avec le centriste François Bayrou et l’écologiste François de Rugy. A l’occasion d’une longue interview consacrée aux Echos le 23 février dernier, l’homme politique a détaillé pour la première fois son programme économique. Au niveau de la fiscalité, il souhaite offrir aux Français une stabilisation des impôts a contrario du mandat de François Hollande. Souhaitant « une diminution nette des prélèvements obligatoires de 20 milliards d’euros », Emmanuel Macron prévoit de réduire les impôts d’environ 10 milliards par an pour les classes populaires et moyennes. Autre objectif : rendre possible l’individualisation de l’impôt sur le revenu chez les couples. Du côté des retraites, l’ancien ministre de l’Economie veut créer une plus grande flexibilité sur l’âge de départ à la retraite. « Il faut pouvoir moduler selon les individus et les situations » avait-il confié à l’Obs sans ajouter plus de précisions.

Le leader d’En Marche ! souhaite aussi moduler le temps de travail en fonction de l’âge. Il part du constat que les plus jeunes sont motivés à gagner plus d’argent en travaillant davantage au début de leur carrière professionnelle. En fin de carrière, Emmanuel Macron estime donc que les travailleurs peuvent réduire leurs heures. Du côté des fonctionnaires, le candidat souhaite leur accorder plus d’autonomie dans la gestion de leur carrière, de leur rémunération ainsi que de leur mobilité.

Le candidat s’est également exprimé sur son programme social avec la suppression des cotisations salariales sur la maladie et le chômage, qui seraient transférées sur la CSG (contribution sociale généralisée) sauf pour les chômeurs et les petites retraites. Du côté de la santé, Emmanuel Macron préconise « un remboursement à 100% par la Sécurité sociale pour les maladies chroniques , ou encore pour les lunettes, les prothèses auditives et dentaires à l’horizon 2022 ». Il suggère également une réforme pour l’achat des médicaments, en proposant leur vente à l’unité afin de diminuer le gaspillage.

Des prochains jours déterminants pour la campagne d’Emmanuel Macron

En mesure de remporter le second tour de l’élection présidentielle d’après les derniers sondages, les prochains jours seront déterminants pour le candidat. L’électorat d’Emmanuel Macron reste fragile notamment depuis sa phrase «  le programme n’est pas au cœur d’une campagne, la politique c’est mystique, c’est une magie« . La population française incertaine de son avenir a besoin d’être rassurée en connaissant avec plus de précisions le programme des candidats à l’élection. S’il a tenu longtemps en ne dévoilant toujours pas l’intégralité de son programme, Emmanuel Macron, bien conscient de l’enjeu de ces prochaines semaines, devra changer sa stratégie en laissant de côté les formules creuses.

Ses détracteurs ont d’ailleurs profité du flou autour de son programme pour s’en prendre au leader d’En Marche. Le candidat de l’extrême gauche, Jean-Luc Mélenchon, a déclaré « Où est son programme ? ». Même ton employé de la part du candidat des Républicains, François Fillon, reprochant à l’ex-ministre de l’Economie de mener « une politique sans programme composée d’un agrégat de personnalités fascinées par un gourou issu du système qu’il dénonce ».

Par ailleurs, ce 2 mars 2017, les critiques sur le manque de clarté de ses projets politiques n’auront plus lieu d’être. En effet, le leader d’En Marche a dévoilé lors d’une conférence de presse l’intégralité de son programme. Harmonisation des régimes de retraite, interdiction des portables à l’école, moralisation de la vie publique… Le candidat arrivera-t-il à rassurer son électorat et à stabiliser sa place de premier rang dans la course à la présidence ? Affaire à suivre…

Jennifer GUERRIERI