À quelques kilomètres d’Aix-en-Provence se trouve l’un des principaux sites de recherche nucléaire civil et militaire d’Europe. Pourtant, le CEA Cadarache, son sens, son but et ses activités restent peu connus.

 Que signifie CEA ?

 Le sigle CEA signifie Commissariat à l’Énergie Atomique. Depuis 2010, le terme d’Énergies Alternatives a été rajouté au nom de l’organisme public. Le CEA a été créé en 1945 au sortir de la Seconde Guerre mondiale avec notamment comme objectifs la dissuasion nucléaire et l’indépendance énergétique de la France. Il existe actuellement dix centres CEA dans l’Hexagone, qui travaillent sur quatre grands domaines :

  • Les énergies bas-carbone
  • Les technologies de l’information et de la santé
  • La recherche
  • La défense et la sécurité nationale

Qu’est-ce que le CEA Cadarache ?

Le site de Cadarache a été inauguré le 14 octobre 1959. Il s’agissait alors du cinquième CEA construit. Installé sur la commune de Saint-Paul-Lez-Durance (Bouches-du-Rhône), à 40 kilomètres d’Aix-en-Provence, l’établissement est disposé sur plus de 1670 hectares, dont 900 clôturés. Près de 400 bâtiments, dont 21 installations nucléaires de base, composent le lieu.

Environ 5000 employés travaillent au CEA de Cadarache. Parmi eux, 2100 sont employés directement par l’établissement, 1000 le sont par Areva et l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), partenaires du centre. 1700 personnes sont quant à elles salariées d’entreprises extérieures. De nombreux collaborateurs scientifiques, apprentis, stagiaires, doctorants (français comme étrangers) travaillent également sur le site. Cela fait du CEA Cadarache le troisième employeur de la région, après Airbus Hélicoptères et le port de Marseille-Fos.

Quelles sont les activités exercées par le CEA Cadarache ?

Le CEA Cadarache aborde plusieurs axes de recherches. Parmi eux, la fission et la fusion nucléaire, les nouvelles technologies pour l’énergie ou encore la biologie végétale. Cadarache possède également des structures de recherche permettant d’améliorer la gestion des matières nucléaires et de leurs déchets. C’est le plus important centre européen de recherche sur les énergies bas-carbone. Il rassemble d’ailleurs le plus grand nombre de scientifiques, chercheurs, ingénieurs et techniciens.

Pour les activités de recherche et développement en énergie nucléaire, le CEA dispose de plusieurs réacteurs de différentes générations. Le but est donc d’assurer une durée de vie maximale aux réacteurs de deuxième génération (ceux qui sont actuellement en service), mais aussi de préparer au mieux les réacteurs de troisième génération naissants (les fameux EPR, pour Evolutionary Power Reactor).

De manière générale, tous les travaux de recherche liés à la fission nucléaire visent à améliorer les performances des actuels réacteurs, qu’elles soient physiques ou économiques. Mais des travaux sont également menés pour les réacteurs de 4ème génération. Ceux-ci, prévus à l’horizon 2040, seront des RNR, à savoir Réacteurs à Neutrons Rapides. Cette technique permettra théoriquement d’allonger l’utilisation des réserves d’énergie à des milliers d’années, ainsi que l’amélioration du traitement des déchets.

À ce titre, il est important de ne pas confondre le projet ITER et le CEA. Si les deux se côtoient géographiquement (ITER se trouve à côté de Cadarache), le projet de réacteur thermonucléaire expérimental international (ITER en anglais) consiste en une coopération internationale sur la fusion thermonucléaire, à très long terme.

Néanmoins, Cadarache possède son propre réacteur permettant de travailler sur la fusion : Tore Supra. 300 personnes et 50 chercheurs étrangers sont spécifiquement détachés à ce réacteur, qui a démarré son activité en 1988. Le succès des recherches menées en son sein a d’ailleurs permis l’avancée du projet ITER.

Quels sont les projets du CEA Cadarache ? 

Outre le programme à (très) long terme de fusion, le CEA doit réussir à faire collaborer au maximum les réacteurs existants et futurs, ceux de 3ème et 4ème générations. Ainsi, décision a été prise de construire un réacteur permettant d’expérimenter tous les types de problèmes auxquels ils pourraient être confrontés. Le projet du Réacteur Jules Horowitz (en hommage à un grand physicien français, ayant accompagné la création du CEA) a donc été adopté. Il s’agit d’un plan ambitieux car le RJH est censé pouvoir fournir également 25% de la production européenne de radioéléments à usage médical en particulier le Molybdène 99.

Néanmoins, le RJH a du mal à voir le jour et se trouve confronté à de sérieux problèmes de financements et de dérapages budgétaires. En effet le budget initial de 500 millions d’euros aurait été porté à 750 puis à 1,5 milliard, selon un article de mars 2015 du journal Les Échos.

Xavier Ponroy