Le Président chilien s’est adressé à son peuple ce mardi à la télévision. Cette tentative d’apaisement n’entame en rien la détermination des manifestants qui ont à nouveau défilé mercredi.

Au moins 18 morts. 2000 arrestations. Des abus sexuels commis lors de détentions arbitraires. Le bilan officiel de l’Institut national des droits humains du Chili fait froid dans le dos.  Depuis le 18 octobre, et l’explosion d’une colère populaire, le pays est soumis à des scènes d’extrêmes violences. Les militaires et les blindés ont été déployés dans plusieurs villes du pays et un couvre-feu a été décrété. On n’avait pas vu cela depuis la terrible dictature militaire de Pinochet, qui hante encore les mémoires chiliennes.

« Je sais que certains veulent en finir avec l’état d’urgence et le couvre-feu. Nous le voulons tous », a déclaré le président mardi soir. « Mais, en tant que président du Chili, je me dois de ne lever l’état d’urgence que lorsque je serai certain que l’ordre public, la tranquillité, la sécurité des Chiliens, et la protection des biens publics et privés seront respectés. »

Les manifestants, au son de concerts de casseroles, réclament au-delà des promesses du président, un réel changement. Comme en France avec la crise des Gilets Jaunes, la protestation chilienne est née après un projet de réforme. Même si là, il s’agissait de l’augmentation du prix des transports. Désormais, les revendications paraissent plus globales, et remettent en cause un système ultra-libéral qui a creusé les inégalités dans le pays depuis 30 ans. Une remise en cause de la Constitution également, directement héritée de la dictature du générale Pinochet.

Au Chili, 26.5% du PIB est détenu par 1% de la population. Le système éducatif et la santé ont étés privatisés, et les retraites sont soumises à des fonds de pensions privés. Une situation qui, selon l’OCDE, place le Chili au dernier rang des pays les plus inégalitaires parmi les 34 nations les plus riches de la planète.

Après l’intervention du président Sebastian Piñera qui affirme « avoir entendu la voix de ceux qui ont exprimé leur douleur et leurs espoirs », le peuple chilien semble las de trente années d’ultra-libéralisme et entend bien continuer d’occuper les rues en bravant les couvre-feu et en défiant l’armée à travers le pays.

Justin CARRETTE