Avocate depuis 2006, Emmanuelle Plan veut concilier son métier avec sa vie de famille et changer l’image de sa profession.

Neuf ans qu’Emmanuelle Plan « se lève avocate, vie avocate, mange avocate et se couche avocate ». Cette jeune femme blonde, souriante et élégante se prête au jeu de l’interview et se confie avec aisance. Elle a grandi dans une famille modeste originaire d’un petit village des Alpes-de-Hautes-Provence.

L’avocate a d’abord rêvé de devenir juge pour enfant mais finalement « il ne parle pas assez ». En assistant à des audiences elle se découvre un penchant pour la plaidoirie. Après 7 années d’études « hyper théoriques », elle met enfin les pieds dans un cabinet d’avocat à l’occasion d’un stage.

Diplômé d’un DEA en droit des affaires puis d’un DESS en procédure civile en 2006, la juriste est aujourd’hui spécialisée en droit commercial et en droit de la famille. Après avoir été collaboratrice auprès d’avocats aixois, elle ouvre en 2012 son propre cabinet dans un quartier huppé de la ville et plaide à la cour d’Appel.

Acharnée, l’avocate travaille dix heures par jour pour un smic mensuel. Pas facile après sept années passées à l’université. Au bout de deux ans, son affaire commence à fonctionner, et son salaire varie entre 2000 et 5000 euros selon les mois. L’État lui en prend 3000 chaque mois. L’avocate estime que les conditions de travail sont plus difficiles qu’avant. Interrogée justement sur la grève des huissiers, elle se dit « solidaire » car « il faut être uni dans le monde difficile qu’est la justice ».

Mère célibataire, Emmanuelle Plan élève un petit garçon de 3 ans, Liam., à qui elle explique que « maman a beaucoup de travail ». Elle peut compter sur « super nounou » et assure que sa vie professionnelle est conciliable avec son travail. L’avocate pense d’ailleurs que la profession a évolué et que les femmes ont aujourd’hui leur place au barreau. Elle n’a « jamais rêvé de se marier en robe blanche », et en matière de divorce elle s’y connaît. Mais « pas besoin d’être avocat pour savoir que la vie de couple c’est compliqué ».

Ce qui la motive ? Faire en sorte que le jugement soit le plus approprié possible. Elle parle de l’humain dans sa profession et fait allusion à une affaire qui l’a particulièrement marqué, une procédure collective où elle a eu affaire à des salariés mobilisés pour sauver leur entreprise de la faillite.

De l’humain « [elle] en met beaucoup trop dans ses affaires », « je suis comme ça », au point d’être parfois déçu du résultat. « Les gens vous racontent tout, c’est difficile de ne pas s’attacher » et puis il faut ensuite « donner une image différente de ce que les gens laissent paraître d’eux mêmes ».

L’avocate veut se battre « contre l’image que la société a de [sa] profession : des gens bourrés de pognon qui mentent sans arrêt », c’est même parfois un « manque de respect ». Elle ajoute qu’il y a des  avocats plus ou moins bons et qu’« il n’y a pas que des cons ».

Maître Plan n’éprouve pas de lassitude mais avoue avoir besoin de décrocher de temps à autre. Elle a bien une passion, la danse contemporaine, mais elle a abandonné, « peut être trop vieille pour ça ». Du coup elle opte pour un footing régulier pour « évacuer les tensions, c’est indispensable ».

En dehors de sa profession il y a « la famille ou les amis qui ne sont pas forcément avocats ».

La juriste évoque aussi le banquier de l’ordre, ce rassemblement de personnes qui font le même métier, « pour parler d’autres choses … enfin de notre activité ».

Emmanuelle Plan a réalisé son rêve, devenir avocate. Elle espère maintenant « raccrocher [sa] robe en [se] disant qu'[elle a] contribué à changer l’image des avocats ».

Jérémy Bouillard,

élève en Magistère 2, portrait réalisé dans le cadre du cours de Mme Pardini