Tout en maitrise, l’avocat de 38 ans, se dévoile à demi mot. Personnage pédant, humain et torturé, tel qu’il se définit, Olivier Quesneau expose ses différents masques.

Avec ses douze ans d’expérience en tant qu’avocat, Olivier Quesneau manie bien le discours et les masques. Nul besoin de plus de détails pour comprendre que l’homme se cache derrière un costard bien repassé, et un cynisme assumé. Le visage angélique, les mains liées sagement posées sur le bureau, l’avocat de 38 ans, un sourire aux lèvres, n’hésite pourtant pas à provoquer son auditoire si nécessaire. Une attitude professionnelle qu’il s’oblige à tenir en toutes circonstances. Difficile d’aborder le domaine de la vie privée avec lui. La famille? « Elle se tient à sa plus simple expression », lâche-t-il avant de s’enfuir par une boutade. Si l’avocat n’aime pas parler de lui, il reconnait qu’allier vie personnelle et professionnelle n’est pas une chose aisée, qualifiant son activité de « chronophage ». Il soupire alors: « Ma famille ne peut pas me comprendre, j’ai moi même du mal. ». De ce fait, « la plupart des personnes de mon entourage sont avocats ou juristes, ils peuvent concevoir mes horaires », déplore-t-il.

Côté professionnel, en revanche, le Versaillais possède un parcours bien fourni. Une double licence en droit et langue en poche, il décide de faire ses bagages pour l’université de Nottingham. Après une année sous le crachin anglais, Olivier Quesneau concède avoir eu le mal du pays, « La pluie de Nottingham m’a lassé, j’avais besoin de soleil. Et Aix-en-Provence avait un attrait universitaire pour moi, son master 2 en criminologie ». A la fin de ses études, comme tout bon diplômé du barreau, il travaille en tant que collaborateur jusqu’en 2004 où il monte son propre cabinet. Parallèlement il s’engage auprès de l’Union des jeunes avocats qu’il préside, « J’ai des responsabilités cardinales, je fais partie des vingt avocats qui chapeautent les 800 autres d’Aix ».

Loin d’être une vocation, « le droit c’est chiant » assure-t-il, il l’envisage comme un outil lui permettant d’arriver à ses buts, établir le droit entre les faibles et les puissants. Un métier qu’il juge « extraordinaire » et pour lequel il consacre tout son temps, environ douze à quatorze heures par jour. Sa vision du travail reflète un professionnalisme sans failles. « Dans notre métier il faut cacher nos faiblesses et nos failles ». Hermétiquement clos face à ses clients il ne perd cependant pas de vue le caractère social qu’implique sa fonction, « Je crois en l’humain fondamentalement. On a chacun nos codes de valeur. Les clients ne sont pas différents de nous, c’est souvent quelque chose qui les a amené là où ils en sont », explique-t-il. Enfilant le costume du cynisme il ne peut s’empêcher de rajouter: « Ca me fait toujours plaisir d’aller chercher un client ivre entrain de vomir sur son costume! ». Abordant ses dossiers de façon technique, voir académique, il refuse d’envisager une affaire comme indéfendable. En revanche, la distance que l’avocat s’impose face à une affaire ne suffit pas toujours à le préserver.

Certains dossiers l’ont affecté. Il raconte notamment l’histoire d’un homme qui a accidentellement tué un enfant de deux ans en voiture, « Dans ces cas là, on voit les gens changer, somatiser jusqu’à se laisser mourir. », souffle Me Quesneau. Jouant des préjugés sur sa profession, l’homme de loi s’amuse à en accentuer les traits « On a tous un égo démesuré.». Lorsqu’il se remémore sa première affaire « j’avais de quoi renverser la République », ironise-t-il, en réalité une simple histoire de chien volé, Olivier Queneau aime préciser: « j’ai été brillant comme à l’accoutumée ». Flegmatique jusqu’au bout de sa robe, il ne craint pas de dévoiler les dessous du métier, la question du « fric ». Officiellement le salaire moyen de Me Quesneau s’élève à 5000€ par mois, mais sa fonction le confronte parfois à des rémunérations en liquide. Il assume ainsi faire de l’optimisation fiscale, « Tous les jours je fraude la loi ». Un comble pour un avocat!

Célia Cazale