Son parcours exemplaire et son dynamisme éclatant peuvent laisser paraître une ambition démesurée. Pourtant, l’avocate aixoise se distingue par son altruisme et sa simplicité.

Du haut de son mètre soixante-dix et de ses 35 printemps, Maître Plan affiche aujourd’hui la même détermination qu’à ses 20 ans. La jeune étudiante en droit, qui quitte son village des Alpes- de- Haute- Provence pour la faculté aixoise, dispose aujourd’hui de son propre cabinet. Entre temps, cette femme élégante, facilement reconnaissable à ses yeux marron brillants et à son carré toujours impeccable, a endossé de nombreuses robes.

Passionnée par le droit commercial, elle explore la discipline à la faculté d’Aix-en- Provence jusqu’à l’obtention d’un Diplôme d’études approfondies  en droit des affaires et un Diplôme d’études supérieures spécialisées en procédure civile et voies d’exécution. Après avoir intégré l’école d’avocats, le CFRPA, elle obtient le Certificat d’Aptitude à laProfession d’Avocat en ayant enseigné une année  à l’université. En janvier 2006, Emmanuelle Plan prête serment et rejoint le barreau d’Aix-en-Provence. S’en suivent six années de collaboration dans un cabinet aixois prestigieux où elle démontre sa technicité et aussi sa forte pugnacité. « J’ai toujours voulu faire avocat : au collège, j’allais au tribunal et j’adorais écouter les plaidoiries » confie aujourd’hui cette amoureuse de la danse contemporaine et du ski alpin. Son rêve d’enfant accompli, elle franchit une énième marche en s’installant à son compte, avec deux associés. Malgré des débuts difficiles, elle assure qu’après deux années, cet investissement est fructueux.  Une telle réussite aurait pu aiguiser la curiosité de ses consœurs et confrères mais elle témoigne « n’avoir jamais ressenti de la jalousie » dans leurs regards.

« Etre avocat, c’est comprendre que tout le monde a le droit d’être défendu ». 

Ses diplômes, son ascension fulgurante, Emmanuelle Plan n’en a cure. Du moins, elle ne considère pas que ces titres fassent un avocat : « Etre avocat, c’est comprendre que tout le monde a le droit d’être défendu ». Une telle définition de sa profession révèle un autre trait essentiel de sa nature : son humanité. Rencontrer, écouter, comprendre, des femmes et des hommes qui parfois ont commis l’impardonnable, tel est le triptyque auquel Maître Plan obéit. Confrontée à un client accusé d’attouchement sexuel sur des mineurs, elle se résout à le rencontrer.  Malgré lesdescriptions nauséeuses qui constituent le dossier, elle se doit de comprendre les faits mais surtout l’homme.

Si d’aucuns retiennent que l’humanité s’exprime dans la détresse, Emmanuelle Plan exprime aussi sa bienveillance à l’occasion d’affaires plus gaies. L’affaire qui l’a le plus marquée fut une procédure collective visant une entreprise en liquidation judiciaire. « Tous les salariés se sont unis avec le patron de cette boîte familiale. Il y avait une véritable osmose » se remémore- t-elle, le regard rêveur. Cette solidarité, Emmanuelle Plan ne la défend pas seulement au tribunal. Consciente des menaces qui pèsent sur les acquis professionnels des huissiers de justice, elle n’hésite pas à se mettre elle aussi en grève et le justifie simplement : « Je ne peux qu’être solidaire car l’on fait un peu le même travail ».

La générosité d’Emmanuelle Plan lui est néanmoins reprochée. Ses collaborateurs estiment parfois qu’elle ne devrait pas être aussi proche de ses clients. Si elle reconnaît mettre « beaucoup d’humain dans [ses] dossiers », elle retient surtout l’incidence de son dévouement sur sa vie de famille. Heureusement, les grandes âmes se rencontrant, elle peut compter sur «super nounou » pour garder son petit Liam, âgé de trois ans et demi. Il ne fait aucun doute que sa « super maman » saura, une fois de plus, lui transmettre son énergie et son amour.

Nicolas Rinaldi,

élève en Magistère 2, portrait réalisé dans le cadre du cours de Mme Pardini