Ce lundi 3 octobre après-midi, les avocats aixois ont fait le procès fictif du ministère de la Justice. Ils protestent contre un projet de rénovation du Tribunal de Grande Instance qui, selon eux, dure depuis bien trop longtemps.

Philippe Klein, bâtonnier d’Aix-en-Provence, est formel : les juristes aixois ne peuvent plus travailler dans l’actuel Tribunal de Grande Instance. Une pétition a été créée le mois dernier. Les avocats protestent contre les conditions indignes que présentent les préfabriqués en lieu et place d’une des ailes du TGI. Notamment, les salles d’audience sont vite combles et une forte promiscuité règne entre les prévenus et les victimes : « la situation est insoutenable ». C’est pourquoi les avocats ont simulé une réelle audience ce lundi, avec, pour accusé… un parpaing ! Le symbole de la première pierre de l’espéré futur tribunal.

Revenons sur un l’historique de ce contentieux. La demande de construction d’un nouveau bâtiment ne date pas d’aujourd’hui. Depuis 1972, les avocats et magistrats des quelques 62 communes affectées à ce TGI se voient promettre un nouvel édifice. A la fin des années 70, le TGI est déplacé dans l’ancienne clinique de l’Esperance. La promesse est réitérée une première fois en 2005. Le projet est toutefois mis de côté en raison de son coût. En 2009, l’Etat démolit la plus vieille partie du tribunal et construit les préfabriqués actuels du boulevard Carnot, et une seconde aile au Jas-de-Bouffan. Nouveau rebondissement en 2013 : un architecte est désigné pour diriger les travaux. Christiane Taubira entend les entamer en 2014. Mais Manuel Valls coupe à nouveau court à ce projet pour des raisons budgétaires… Pourtant, dans le même temps, de nouveaux tribunaux sont érigés à Tulle, Lille ou encore Paris.

Face à un tel « délaissement » de la part de l’Etat, Maryse Joissains-Masini entend donc se substituer au Gouvernement. Coïncidence (ou non) avec la pétition des avocats, le Garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas a indiqué le 8 septembre que le projet reprendra son court d’ici la fin de l’année. Dans cette hypothèse, les travaux commenceraient en 2017.

Face aux édifices que sont la Cour d’appel et le Tribunal de Commerce de la ville, il devient aujourd’hui difficile pour les avocats d’accepter les conditions qu’offre le TGI. Et leur procès fictif a porté ses fruits : son retentissement a été de taille à l’échelle nationale. Toutefois ce n’est pas la première fois que les professionnels de la justice manifestent leur mécontentement. Jusqu’à présent, le gouvernement a toujours classé ses promesses sans suite… Les avocats aixois espèrent que, cette fois, le Garde des Sceaux exaucera enfin leur vœu !

Claire Benassar